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Les statères de Piolaine, mystérieux trésor de la guerre des Gaules

Statère de billon exhumé d’un trésor gaulois, à Piolaine, lieu-dit de la commune de Saint-Aubin-du Pavail (Ille-et-Vilaine), datant du Ier siècle av. J.-C.

Nous sommes à l’automne 2012 non loin de Rennes, plus précisément à Piolaine, lieu-dit de la petite ville de Saint-Aubin-du-Pavail qui, à cette époque, n’a pas encore fusionné avec ses voisines pour former la commune nouvelle de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine). Sur une parcelle agricole sont déterrées quelque six cents monnaies gauloises, apportées au service régional de l’archéologie de Bretagne. Tâche est confiée à l’Institut national de recherches archéologiques préventives d’explorer le champ, et quelques centaines d’autres pièces sont ainsi récoltées, portant le total à 1 087 statères.

« Le statère est une unité monétaire grecque que les Gaulois ont transposée dans leur système, en monnaie d’or ou en billon, qui est un alliage d’argent et de cuivre », précise Laurent Olivier, conservateur général du patrimoine chargé des collections d’archéologie celtique et gauloise au Musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), où une partie de ce « trésor » est aujourd’hui conservée. Tous les statères de Piolaine, de couleur grise, sont en billon et ont été frappés par deux peuples d’Armorique : les Vénètes, de la région de Vannes, et les Riédons, de celle de Rennes. Deux pièces s’avèrent rarissimes car hybrides : le droit est vénète tandis que le revers est riédon, ce qui signale une série de monnaies émises en commun.

Un appel aux peuples gaulois

Si la numismatique dit l’origine des pièces, elle est impuissante à déterminer la date de fabrication exacte. « Quand elles sont frappées à l’effigie d’un empereur romain, les monnaies sont pratiques pour donner la date exacte d’un site, explique Laurent Olivier. Mais, dans le cas des monnaies gauloises, ce n’est pas le cas. On sait que ces statères datent du Ier siècle avant notre ère, entre 70 et 30 av. J.-C., aux alentours de la guerre des Gaules. »

Qui les a déposés ? Mystère. Il n’y avait aucun contenant, aucun indice. Ce millier de pièces représentait une somme considérable. « On a une série cohérente de monnaies. Tout cela plaide pour dire que ce n’est pas un trésor de particulier mais un dépôt fait par des autorités, des pouvoirs publics », suggère Laurent Olivier. De plus, plusieurs trésors analogues ont été découverts dans l’ouest de la France, dont le plus important, mis au jour à Jersey, comptait plus de 70 000 pièces. Pourquoi cacher de telles masses d’argent ?

L’hypothèse qui a la faveur de Laurent Olivier nous fait remonter à 56 av. J.-C., lors d’une phase peu connue de la guerre des Gaules, où César envoie trois légions et une flotte soumettre les peuples de l’Ouest, grande puissance militaire et économique. « Devant l’avancée romaine, on met à l’abri ces réserves d’encaisse qui seraient l’argent nécessaire à la guerre », imagine Laurent Olivier. Mais, après une bataille navale perdue dans le golfe du Morbihan, les Vénètes se rendent et sont brutalement châtiés. Quelques années plus tard, lorsque Vercingétorix, isolé à Alésia, lancera un appel aux peuples gaulois, personne ne viendra de l’Ouest. L’argent des troupes, nerf de la guerre, était perdu dans le sous-sol…

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