La mort de Nahel M., le 27 juin, à Nanterre, n’a pas seulement embrasé le pays, provoquant plusieurs nuits consécutives d’émeutes urbaines. Le fait qu’il ait été tué par le tir d’un policier, lors d’un contrôle routier, après un refus d’obtempérer, a également eu pour effet de fragiliser Bernard Cazeneuve, dans l’optique de sa possible candidature à l’élection présidentielle de 2027.
La loi votée en février 2017, lorsque le socialiste était premier ministre de François Hollande, et qui avait modifié le cadre de la légitime défense des policiers en leur permettant de tirer sur les véhicules en mouvement est, depuis ce drame, la cible de nombreuses critiques. Symptôme d’une certaine fébrilité, M. Cazeneuve a fait le tour des médias, s’appliquant à convaincre que son texte n’est pas à l’origine du tir du brigadier. Le 19 juillet, Gérald Darmanin est venu à sa rescousse. « La loi de 2017 n’a pas encouragé les policiers et les gendarmes à tirer davantage », a affirmé le ministre de l’intérieur, lors d’une audition par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Avant de demander : « Quand quelqu’un ne respecte pas la loi, quel est l’intérêt de la changer ? »
Une réponse aux critiques de la gauche, en particulier de La France insoumise (LFI), qui considère cette loi comme un « permis de tuer ». Comme les écologistes et les communistes, Jean-Luc Mélenchon et ses proches exigent l’abrogation du texte. Sur la défensive, Bernard Cazeneuve s’est insurgé contre ce procès jugé « abject », et n’a cessé de rappeler le « climat difficile » qui a entouré cette loi, rédigée un an après les attentats du 13 novembre 2015, notamment au Bataclan.
« Pays éprouvé par les attentats »
Traversé par le doute à l’égard d’un dispositif adopté lorsqu’il était au pouvoir, le Parti socialiste (PS) a entamé son examen de conscience. Son premier secrétaire, Olivier Faure, a acté la multiplication « par cinq des tirs mortels » depuis qu’ont été assouplies les conditions d’utilisation des armes à feu par les forces de l’ordre, invitant à « sortir de toute forme de déni ». Une évaluation de la loi a été demandée par le chef de file des députés PS, Boris Vallaud, au président de la commission des lois de l’Assemblée, Sacha Houlié (Renaissance, Vienne).
Selon nos informations, une mission prévue en octobre et conduite par les députés Thomas Rudigoz (Renaissance, Rhône) et Roger Vicot (PS, Nord), devra faire le point sur le sujet. Ce dernier, chargé des sujets liés aux questions de sécurité au PS, souhaite que « la lumière » soit faite. « Il faut savoir comment les syndicats [de police] ont reçu l’information, comment elle a été interprétée », explique-t-il.
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