Comment remplace-t-on une joueuse de stature internationale comme Wendie Renard, blessée au mollet gauche ? Jusqu’à l’annonce de la composition d’équipe, et peut-être même jusqu’à la fin de l’échauffement précédant leur deuxième match des Mondiaux d’Australie, contre le Brésil, samedi 29 juillet, à 12 heures (heure de Paris) : on ne saura pas si ce casse-tête sera soumis ou non à la sagacité d’Hervé Renard. « On espère que tout ira bien parce qu’on a besoin d’elle. Ce soir [vendredi soir], on n’en est pas certain à cent pour cent », a déclaré le sélectionneur de l’équipe de France féminine en conférence de presse.
Hervé Renard n’avait pas besoin de cette incertitude supplémentaire après l’entrée en lice décevante des Bleues contre la Jamaïque (0-0), le 23 juillet. Face aux Brésiliennes, en tête du groupe F, elles n’ont pratiquement pas le droit de perdre si elles veulent conserver leur avenir entre leurs mains lors du troisième match, mercredi 2 août, contre le Panama. Une élimination au premier tour d’une Coupe du monde serait une énorme désillusion pour les footballeuses françaises, à qui ce n’est plus arrivé depuis leur première participation, en 2003.
Vendredi, sur la pelouse moyenne d’un petit stade de banlieue de la capitale du Queensland, Wendie Renard a commencé l’entraînement collectif – ouvert aux médias lors des quinze premières minutes – avec ses coéquipières, sans que l’on sache si elle a été en mesure de l’achever et avec quelle intensité. Pendant le temps imparti, les regards des journalistes ont scruté de près son mollet gauche. « On aura la réponse que [samedi] parce que les entraînements ne ressemblent en rien à un match de compétition », a insisté Hervé Renard.
Le sélectionneur, les joueuses et la Fédération française de football (FFF) ont tout fait pour en dire le moins possible sur un possible forfait de Renard, monument du football mondial, qui compte 147 sélections et 34 buts internationaux. Lundi, les examens médicaux de la capitaine tricolore ont été tenus secrets. La FFF s’est contentée de déclarer que son cas serait « géré au jour le jour ». Mardi et mercredi, la grande défenseuse s’était entretenue physiquement à part du groupe, notamment en pédalant sur un vélo d’appartement en bord de pelouse. Au fil des jours, les joueuses tricolores de passage devant la presse ne se sont pas montrées plus expansives.
Pleine confiance des Brésiliennes
Ce suspense feuilletonné touche même l’adversaire. La sélectionneuse suédoise des Brésiliennes, Pia Sundhage, en tient compte dans la préparation de la rencontre. « On a un plan si elle joue et un plan si elle ne joue pas, a déclaré la double championne olympique 2008 et 2012 sur le banc des Américaines. On sait que c’est une bonne joueuse. »
Si l’on en croit Hervé Renard, c’est la principale intéressée qui décidera si elle est apte à jouer. « Elle connaît son corps depuis de nombreuses années, a-t-il lâché. C’est elle qui prendra la décision. » Avant de rappeler son importance : « C’est une joueuse qui fédère tout le monde de par son expérience et son charisme. On a besoin de joueuses avec ces références pour aller le plus loin possible dans une compétition. »
Sans se départir de son grand sourire et d’une confiance en apparence inébranlable, Hervé Renard a aussi tenté de faire passer au second plan les interrogations liées à la blessure de sa capitaine. « On a vécu une semaine où le plus important n’était pas l’inquiétude concernant Wendie mais le match nul contre la Jamaïque, dit-il. Un premier tour, c’est trois matchs. Parfois, on démarre superbement une compétition, puis on la finit moins bien et inversement. » Et de rappeler le message qu’il délivre le plus souvent depuis son intronisation : « L’entraîneur ne doit jamais être inquiet, il doit avoir confiance en son équipe. »
En face, les Brésiliennes affichent une pleine confiance. Faciles vainqueures des faibles panaméennes (4-0), elles se présentent en position idéale avec l’avantage de n’avoir rien à perdre contre la France. Fortes de leur nouvelle buteuse Ary Borges, autrice d’un triplé en ouverture, et de Marta, la meilleure joueuse de l’histoire de la discipline toujours très importante même si elle est désormais remplaçante, les Sud-Américaines impressionnent. En avril à Wembley, elles ont poussé les Anglaises à la séance des tirs au but lors de la Finalissima, un match qui oppose les championnes d’Europe aux championnes sud-américaines.
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En mai, Hervé Renard avait confié au Monde qu’il avait trouvé à cette occasion son futur adversaire en Coupe du monde très performant. Il a dit à nouveau son admiration en conférence de presse vendredi : « Le Brésil est un énorme pays de foot. C’est une confrontation qui a une résonance particulière. C’est une équipe, avec des individualités de haut niveau, qui progresse énormément ces dernières années et qui possède une coach (…) qui sait comment faire gagner ses équipes. »
« Ce match est un test de haut niveau »
En onze rencontres entre les deux nations, l’équipe de France n’a pourtant jamais perdu : cinq victoires et six matchs nuls. Depuis un nul inaugural lors du Mondial 2003 (1-1), Françaises et Brésiliennes se sont affrontées à dix reprises en dix ans, avec une série en cours de quatre victoires tricolores. Lors du Mondial 2019, les Bleues s’étaient qualifiées pour les quarts de finale en dominant le Brésil 2-1 après la prolongation dans un match très disputé.
Un bilan qui n’effraie pas Pia Sundhage. « Avec la France, il y a un historique. Plus vous les jouez, plus vous vous rapprochez d’une victoire. C’est une question de temps. On a une chance. Je crois que le moment est venu. »
Confiance contre confiance, le rapport de force est installé. Pour ne pas déchanter, les Bleues devront montrer un tout autre visage que celui affiché à Sydney, le 23 juillet. « Quand on joue sur nos qualités, on n’a pas à s’inquiéter. Il faut être naturelle, jouer pleinement ce match », a souhaité la défenseuse Sakina Karchaoui.
« Le match de demain est un test de haut niveau. C’est un match important pour la première place du groupe et pour la qualification, a averti le sélectionneur. Mais il n’a pas plus d’importance que le troisième contre le Panama. L’objectif est se qualifier pour les huitièmes de finale et, à partir de là, une autre compétition commence. » Et pour se qualifier, une défaite contre le Brésil serait presque rédhibitoire, ce qui confère bien à ce France-Brésil une saveur toute particulière.
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