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Un traitement funéraire de reine pour la nourrice du pharaon Amenhotep II

Un des vases canopes ayant contenu les viscères de la nourrice royale Sénetnay, de l’époque du pharaon Amenhotep II, au XVᵉ siècle avant notre ère.

Il y a près de trois mille cinq cents ans, sur les bords du Nil, vivait Sénetnay. Elle allait devenir « celle qui a nourri la chair du dieu » : nourrice d’un bébé qui monterait plus tard sur le trône d’Egypte sous le nom d’Amenhotep II. Il faut croire que le pharaon lui fut reconnaissant, car Sénetnay eut droit à un traitement de choix après sa mort : non seulement on l’inhuma dans la vallée des Rois, mais, comme le révèle une étude internationale publiée jeudi 31 août dans Scientific Reports, les restes de la nourrice royale subirent un embaumement de grande qualité.

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Pourtant, les restes en question n’existent plus ! Les auteurs de ce travail multidisciplinaire, qui mêle archéologie, chimie et botanique, se sont uniquement penchés sur deux des quatre vases canopes où les viscères de Sénetnay (foie, poumons, estomac, intestins) avaient été déposés par les embaumeurs lors de la momification de son corps.

Ces jarres en calcaire ont été sorties en 1900 de la tombe 42 de la vallée des Rois par le Britannique Howard Carter, celui-là même qui, vingt-deux ans plus tard, allait découvrir le fabuleux tombeau inviolé de Toutânkhamon. Conservés au Musée August-Kestner de Hanovre (Allemagne), les deux vases que les chercheurs ont analysés contenaient les poumons et le foie de Sénetnay. Un troisième se trouve au Musée égyptien du Caire et le quatrième a disparu de la circulation.

Comment les scientifiques ont-ils procédé ? « La première étape, détaille Thibaut Devièse, maître de conférences à Aix-Marseille Université et coauteur de l’étude, a consisté à prélever, avec un scalpel, du résidu à la surface des objets. » Au nombre de six, les prélèvements ont été effectués au fond des vases et sur leurs parois. Les chercheurs ont ensuite utilisé des solvants pour extraire différents composés chimiques issus des baumes égyptiens, composés qu’il a fallu identifier à l’aide de plusieurs techniques.

Substances venues d’Asie et d’Europe

La difficulté de l’affaire tient au fait que si certaines molécules peuvent très bien se conserver au cours des millénaires, d’autres sont altérées et l’on ne retrouve que le produit de cette dégradation. « Il faut réussir à reconnecter les molécules identifiées aux matériaux d’origine », explique Thibaut Devièse. En quelque sorte, remonter l’arbre généalogique de ces molécules. Une enquête facilitée par tout un travail fait en amont. « Des substances naturelles de référence sont artificiellement vieillies en laboratoire, par exemple en les chauffant ou en les plaçant sous des lampes à UV, poursuit le chimiste. Cela nous permet de voir les schémas réactionnels et de dire que telle molécule est le fruit de la dégradation de telle autre. »

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