Répondant à l’appel des Restos du cœur, contraints de réduire cet hiver le nombre de bénéficiaires de leurs distributions alimentaires en raison de difficultés financières, le gouvernement leur a promis une aide supplémentaire de 15 millions d’euros. « Il est hors de question d’imaginer même que les Restos puissent fermer la porte ou que les bénévoles doivent renoncer à aider ceux qui se présentent », a assuré sur TF1 la ministre des solidarités, Aurore Bergé.
Elle promet de mettre « sur la table de manière spécifique », une enveloppe de « 15 millions d’euros, dans les prochains jours » pour aider les Restos du cœur à « passer cette période » ainsi que 6 millions d’euros à des associations venant en aide aux tout petits.
L’engagement du gouvernement intervient après que l’association a annoncé réduire le nombre de bénéficiaires de son aide alimentaire cet hiver, en raison de difficultés financières. « C’est un véritable crève-cœur, mais nous allons devoir massivement dire non à des personnes que nous aurions pu accueillir avant l’inflation et nous allons devoir réduire la quantité de ce que nous donnerons aux personnes qui rentreront dans nos critères », avait déclaré Patrice Douret, président de l’association créée en 1985 par Coluche.
Il estimait qu’environ 150 000 personnes devront être éconduites. « Aujourd’hui, nous ne sommes pas suffisamment solides pour absorber le flux de personnes qui ont besoin d’aide alimentaire », avait expliqué Patrice Douret. « Si rien n’est fait, on pourrait devoir fermer d’ici trois ans. »
Les Restos du cœur se retrouvent dans le rouge en raison de la « hausse très importante » du nombre de personnes qui demandent de l’aide et d’une « augmentation de ses coûts de fonctionnement », due à l’inflation. Invité du journal de 13 heures de TF1, M. Douret a lancé « un appel aux forces politiques et économiques de notre pays » pour le « lancement d’un plan d’urgence alimentaire ». « Nous ne sommes pas suffisamment entendus ou pris au sérieux (…) mais les digues sont en train de lâcher ».
Situation « extrêmement complexe »
L’association a déjà accueilli 1,3 million de personnes en 2023, contre 1,1 million sur l’ensemble de l’année dernière. Et ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a « doublé ». Face à cette situation « extrêmement complexe », les Restos du cœur ont décidé de réduire leur nombre de bénéficiaires.
L’association, qui s’attend à servir 170 millions de repas cette année, contre 140 millions en 2022, apporte une aide régulière aux personnes dans le besoin, en fonction de leur reste à vivre. Son montant pour être admissible va être révisé à la baisse, affirme Patrice Douret, sans donner de précisions chiffrées.
Malgré cette mesure, l’association a besoin de 35 millions d’euros supplémentaires pour terminer l’exercice à l’équilibre. « On appelle à une mobilisation massive des forces politiques et économiques de ce pays pour nous aider à franchir ce cap », déclare Patrice Douret, qui fait part également de sa colère. « Cela fait des mois qu’on alerte le gouvernement sur cette situation, on n’a pas assez été entendu. »
Les Restos du cœur, qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France, disposent d’un budget de fonctionnement d’environ 200 millions d’euros par an. Des ressources qui proviennent de donateurs particuliers, d’entreprises, ainsi que d’aides publiques de l’Etat et de l’Union européenne.
LFI déposera « un plan d’urgence alimentaire »
Dimanche, l’appel du président de l’association a été relayé par les oppositions. A droite, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (Les Républicains), a donné raison à Patrice Douret : « Il faut un plan d’urgence alimentaire ! ». « La Région Hauts-de-France sera au rendez-vous de l’appel des Restos du cœur », a-t-il promis sur le réseau social.
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Au Rassemblement national, le blâme est mis sur « ceux qui nous gouvernent depuis si longtemps » : « Leur responsabilité est immense. Aujourd’hui ils versent des larmes de crocodile ! », a lancé sur X le vice-président de l’Assemblée nationale, Sébastien Chenu.
Du côté de la France insoumise (LFI), la cheffe des députés, Mathilde Panot, a affirmé sur X (anciennement Twitter) que son parti déposerait « un plan d’urgence alimentaire dans les tout prochains jours ». « Et partout en France, les “insoumis” organiseront des collectes alimentaires dont ils remettront le produit aux associations humanitaires », a-t-elle ajouté.
Le Groupe Les Mousquetaires et son concurrent Carrefour ont également annoncé des collectes. « Avant la fin de l’année, des opérations de collecte spécifiquement dédiées à l’association via (l) es enseignes Intermarché et Netto » vont être mises en place par Les Mousquetaires. Le patron de Carrefour explique envisager une aide de façon financière et par des dons et collectes.