Close

« Le gouvernement n’est pas étranger à l’approfondissement de la crise immobilière »

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse commune avec le ministre allemand de l’économie, à Berlin, le 13 septembre 2023.

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a trois obsessions quotidiennes. C’est du moins ce qu’il confie dans une interview au Parisien, ce 27 septembre. « Tous les jours, (…) il se mord les doigts » de ne pas avoir acheté un logement à l’époque des taux bas. « Matin, midi et soir », il fait « la chasse aux taxes ». Et, tous les jours aussi, il se pose la question de la montée du populisme alimentée par les difficultés économiques. Immobilier, impôts, pouvoir d’achat, voilà au fond un bon résumé des défis qui attendent le gouvernement en ce jour de présentation du budget. Mais tout cela ne fait pas bon ménage, au lendemain du discours élyséen sur la planification écologique.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » : Planification écologique : un équilibre précaire

Si l’exécutif n’est pas responsable de l’inflation engendrée par la concordance de la sortie de la crise sanitaire et de l’entrée dans la guerre en Ukraine, il n’est, en revanche, pas étranger à l’approfondissement de la crise immobilière. Celle-ci se nourrit, bien sûr, de la hausse des taux, conséquence de la lutte contre l’inflation, mais elle a été amplifiée par les décisions récentes du gouvernement, qui a soufflé sur les braises en réduisant ses aides et en alourdissant la réglementation. La crise était déjà enclenchée quand le gouvernement a supprimé des niches fiscales pour les propriétaires bailleurs (loi Pinel), fortement limité l’application du prêt à taux zéro pour les primo-accédants et alourdi la réglementation sur les passoires thermiques.

Double sens

Toutes ces décisions ont un double sens très clair, celui d’économiser l’argent de l’Etat, qui biberonne le secteur immobilier depuis des décennies, et d’accélérer l’isolation des logements dans le cadre de sa politique de lutte contre le réchauffement climatique. La planification écologique présentée ce lundi 25 septembre par le président de la République porte une ambition à la hauteur des enjeux – baisser d’un tiers nos émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 –, mais avec des moyens qui risquent de ne pas l’être si aucune contrainte, hormis celle du prix du carburant pour les automobilistes, n’est imposée.

Bruno Le Maire a fait un pas de plus dans cette direction non contraignante en faisant part de son souhait de revenir sur le calendrier d’application de l’une des principales mesures en faveur du climat, l’interdiction pour les propriétaires de louer à partir de 2025 des locaux présentant une mauvaise isolation (classement G du diagnostic énergétique). Comme le ministre le souligne lui-même, « tout ce qui a été décidé avant la hausse des taux d’intérêt mérite d’être regardé à nouveau ». Autrement dit, la conjoncture de court terme s’impose à l’urgence climatique. C’est tout à fait compréhensible, mais cela complique singulièrement l’atteinte des objectifs fixés. L’immobilier est un secteur-clé pour l’économie et une plongée dans la récession rendra difficile voire impossible le financement de la transition écologique.

Il vous reste 11.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top