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Au Brésil, les peintures rupestres de la Serra da Capivara menacées

La préhistoire était-elle une fête ? A en juger par les peintures rupestres de la Serra da Capivara, au Brésil, on serait tenté de répondre par l’affirmative. Sur les fragiles parois d’arénite, des figures humaines gambadent au milieu de cerfs, tatous, crabes et rongeurs. Certains paraissent danser et se déhanchent, forment de joyeuses pyramides, les bras tendus vers le ciel. D’autres, le phallus dressé, sont en plein acte sexuel.

Des peintures préhistoriques sur une paroi rocheuse dans le parc national de la Serra da Capivara, dans l’Etat du Piaui (Nordeste, Brésil), le 21 août 2023.

Vu d’ici, dans l’Etat du Piaui, aux confins du Nordeste, tout paraît bringue et volupté. Le parc national de la Serra da Capivara, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, bijou archéologique des Amériques, renvoie, au premier abord, une vision d’effervescence bienheureuse, avec ses plus de 1 000 sites de peintures et gravures rupestres, vieilles de 6 000 à 12 000 ans. D’où un surnom bien mérité de « Lascaux brésilien ».

Si les scènes représentées sont sujettes à d’infinies interprétations, leur valeur artistique ne fait pas débat. Comme dans un cinéma, tout ici n’est que mouvement : les personnages courent, bondissent et les styles s’entremêlent, du pigment ocre (à partir d’hématite, un oxyde de fer) au blanc laiteux (à base de gypse). La technique de fixation sur la roche reste mystérieuse. Certains chercheurs suspectent l’utilisation d’un mélange de graisse animale, de sève, voire de salive et de sang.

Mais la Capivara est bien plus qu’une galerie d’art préhistorique à ciel ouvert. C’est aussi une réserve écologique de 130 000 hectares, traversée de canyons rougeoyants et tapissée par la Caatinga, la « forêt blanche » en langue indigène tupi, écosystème de rêches épineux et d’arbustes défeuillés. Entre les fresques déambulent serpents et rongeurs, fourmiliers géants et jaguars tachetés.

Dans le parc national de la Serra da Capivara, le 22 août 2023.

La « Napoléon du Nordeste »

Pistes parfaitement entretenues, plates-formes de bois, accès pour handicapés, illuminations nocturnes, signalisation thématique… tout est fait pour attirer les touristes. Ils ont été 16 000 au premier trimestre, soit 35 % de plus par rapport à 2022. Deux vols hebdomadaires rejoignent la ville voisine de Sao Raimundo Nonato et son aéroport à la forme (approximative) de capivara, énorme et placide rongeur qui donne son nom au parc.

Ce n’est pas tout : la très isolée Serra da Capivara accueille six laboratoires de recherche et un campus de l’université fédérale du Vale do Sao Francisco (Univasf), qui délivre plusieurs masters. Elle abrite quelques institutions culturelles, dont le très moderne Musée de la nature, tout en spirale, qui retrace l’histoire biologique de la planète. Entre les canyons sont organisés des courses de cyclisme, des trails et même des concerts d’opéra.

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