A défaut de surprendre sur le fond, la droite arrive à étonner par la forme. Depuis mardi 31 octobre, le parti Les Républicains (LR) propose une pétition aux personnes qui en ont assez « de l’immigration incontrôlée ». Si la formulation rappelle la sortie de Nicolas Sarkozy dans une cité d’Argenteuil (Val-d’Oise) en 2005 (« Vous en avez assez de cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser » ), le procédé est emprunté au Rassemblement national (RN) et ses vingt-neuf pétitions répertoriées. Le vocabulaire aussi pourrait être celui du parti d’extrême droite – « Vous pensez qu’une nation est en danger si elle ne peut pas expulser de son territoire des étrangers qui apportent le désordre et la terreur ? »
L’objectif des Républicains, lui, ne change pas : reprendre le contrôle sur l’immigration et son risque supposé de submersion. Il s’agit de montrer aux Français que le meilleur outil n’est pas la loi, portée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, mais la révision de la Constitution, demandée par Eric Ciotti et son parti. « Rien dans ce texte n’est en mesure d’inverser radicalement les flux migratoires qui aujourd’hui nous submergent (…) Le projet de loi Darmanin n’est pas à la hauteur du défi migratoire », a assuré le président de LR dans un entretien au Journal du dimanche, le 29 octobre.
Le refrain est connu depuis plusieurs mois. La loi Darmanin sur l’immigration ne serait jamais qu’une loi de plus sur le sujet. Il faut donc modifier la Constitution pour se libérer des jurisprudences des cours européennes. « En quarante ans, vingt-neuf lois sur l’immigration ont été votées. Pour quel résultat ? », énoncent Les Républicains dans leur pétition, oubliant de rappeler qu’une majorité de ces textes ont été défendus par des gouvernements de droite.
L’article 3, « un leurre de Darmanin »
Cette pétition n’est jamais qu’une façon de gonfler les biceps avant l’arrivée du texte, lundi 6 novembre, au Sénat, mais Les Républicains se disent prêts à aller « au bras de fer avec le gouvernement », avance M. Ciotti. « Puisque le président [Macron] procrastine pour aller au référendum, je propose que les Français eux-mêmes imposent leur volonté », défie le président de LR, dont le groupe a déposé une proposition de loi constitutionnelle sur l’immigration qui devrait être examinée le 7 décembre à l’Assemblée nationale dans le cadre de la « niche » parlementaire LR. La première mesure de ce texte vise à élargir le cadre du référendum au titre de l’article 11 de la Constitution pour permettre de consulter les Français sur la question de l’immigration. Et s’affranchir, dans un second temps, des traités européens en matière migratoire.
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