Huit mois après la promulgation de la réforme des retraites, le moment est venu d’aider les actifs à rester en poste plus longtemps. Vendredi 22 décembre, les syndicats et le patronat ont lancé une négociation dont le but est de conclure un « nouveau pacte de la vie au travail ». Proposé, à la mi-avril, par Emmanuel Macron, dans l’espoir de sortir par le haut de la crise liée au report de l’âge légal de départ à la retraite, cet exercice de dialogue social s’articule autour de trois axes : emploi des seniors, reconversions professionnelles et prévention de la pénibilité, création d’un compte épargne temps universel (CETU) – une promesse de campagne du chef de l’Etat, qui vise à offrir des temps de respiration dans les carrières.
La première réunion, vendredi au siège du Medef à Paris, avait pour objet d’élaborer le calendrier et la méthode. Les discussions sur le fond ne débuteront qu’en janvier 2024. Les organisations d’employeurs et de salariés auront les mains relativement libres puisque le « document d’orientation » envoyé le 21 novembre par le ministère du travail pour baliser les échanges s’avère assez peu prescriptif sur la plupart des thèmes à traiter. Mais une obligation de taille pose toutefois des limites : si les partenaires sociaux trouvent un compromis à l’issue de leurs tractations, les mesures prises ne devront pas dégrader les finances publiques.
La feuille de route du gouvernement affiche des ambitions très élevées. Principal objectif : parvenir au « plein-emploi des seniors », avec un taux de personnes de 60 à 64 ans en activité de 65 % en 2030, contre seulement 36,2 % en 2022. « J’espère que l’on pourra aborder la question de manière plus vaste », confie Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO : pour lui, la réflexion sur le prolongement des carrières implique de s’intéresser au sort des travailleurs bien avant qu’il n’approche de la soixantaine.
Plusieurs leviers peuvent être actionnés : favoriser l’accès à la formation, améliorer les conditions de travail, aménager les fins de parcours professionnels, mieux lutter contre les stéréotypes et les discriminations liés à l’âge. « Il n’y aura pas une seule solution miracle, prévient Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT. Nous aurons besoin de trouver un cocktail de dispositifs en balayant plein de sujets. »
« Changer de paradigme »
Le patronat sait qu’il est attendu, car « s’il ne joue pas le jeu, il ne se passera rien », comme le résume Eric Courpotin, secrétaire confédéral de la CFTC. A ce stade, le Medef ne se dévoile guère, abstraction faite des positions de principe de son président, Patrick Martin, qui a déclaré, à plusieurs reprises, que les employeurs vont tout mettre en œuvre pour garder leurs collaborateurs vieillissants.
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