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Au tribunal de Béthune, un groupe de motards anti-harcèlement, des menaces, un fût de bière, une relaxe

« On n’est pas des Zorro en moto ! », promet Sébastien Focqueur face au tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais), lundi 8 janvier. Cet homme de 47 ans portant moustache, barbichette et queue-de-cheval, président d’une association de motards appelée « Black Shadow North Moto Club », comparaît pour « menaces à l’encontre d’un chargé de mission de service public ». Il est reproché à cet ancien militaire devenu garagiste d’avoir joué aux justiciers avec ses amis bikers à la sortie du collège-lycée Lavoisier d’Auchel (Pas-de-Calais), où un cas de harcèlement scolaire lui avait été signalé par la mère de Léa, élève de 4e.

Après avoir envoyé un courrier au proviseur pour l’avertir que, compte tenu de son inaction, lui et ses camarades allaient « reprendre le dossier en main », après avoir écrit à la mairie, au rectorat, et même au ministère de l’éducation nationale, Sébastien Focqueur s’était rendu à la sortie de l’établissement, le 9 novembre, avec trois membres de son association, « pour montrer à Léa qu’elle était soutenue ».

Le proviseur adjoint, David Baville, avait invité la petite troupe à rester à l’écart. La situation s’était envenimée, et alors que Sébastien Focqueur était au téléphone, David Baville affirme l’avoir entendu dire à son interlocuteur, en parlant de lui : « On va revenir à 50, et le garçon, on va le mettre dans le coffre et on va l’emmener en Belgique. » Deux lycéens ont confirmé aux policiers avoir entendu ces propos.

« On parlait d’un fût de bière »

Il s’agit d’une regrettable méprise, se défend Sébastien Focqueur : « Je n’ai pas du tout menacé monsieur Baville, j’étais en conversation téléphonique avec l’ancien président de l’association, on préparait une fête deux jours plus tard à Ecaussinnes, en Belgique, avec un autre club de motards, on devait rapporter de l’alcool. J’ai dit : “Viens avec ta voiture, appelle du renfort, tu le mets dans le coffre et ça part en Belgique.” On parlait d’un fût de bière. J’ai le ticket de caisse. »

L’explication prête à sourire, elle est invérifiable, mais les accusations de la victime présumée le sont aussi. « Comment pouvez-vous être sûrs que monsieur Focqueur menaçait monsieur Baville, qu’il ne connaissait même pas ? », demande aux juges l’avocate de la défense, Me Françoise Bertrand, en sortant de sa chemise en carton « la facture d’achat du fût de bière ».

Le procureur a beau dire que trois personnes n’ont pas pu se tromper, et réclamer six mois de prison et 1 000 euros d’amende, la présidente, devant ce dossier bien léger, n’a d’autre choix que la relaxe : « Le tribunal a eu un doute sur les propos prononcés ce jour-là, et il est impossible d’établir à qui ils ont été adressés. » David Baville, le proviseur adjoint, n’était pas à l’audience et n’y avait pas envoyé d’avocat.

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