Le ralentissement est spectaculaire. En 2023, le nombre de contrats d’apprentissage signés devrait se situer un peu en dessous de 860 000. Diffusé à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de la galette de l’Epiphanie, qui a eu lieu vendredi 5 janvier au palais de l’Elysée, en présence d’Emmanuel Macron, ce chiffre reste orienté à la hausse, mais la progression se poursuit à un rythme beaucoup moins soutenu que durant les années précédentes. Si la décélération continue, elle risque de compromettre l’objectif du président de la République de parvenir à un million de nouveaux apprentis en 2027.
Les données fournies par l’entourage du chef de l’Etat constituent une prévision pour 2023 : en faisant l’hypothèse qu’elles correspondent au résultat final – qui ne sera connu que dans quelques semaines –, elles mettent en évidence une augmentation un peu inférieure à 3 % en une année, alors que la dynamique était beaucoup plus forte auparavant : + 14 %, par exemple, entre 2021 et 2022.
Depuis le premier quinquennat de M. Macron, l’apprentissage bénéficie d’un succès inégalé. Ce système, mêlant immersions en entreprise et enseignements dans des centres de formation (les CFA), a été libéralisé et simplifié à la suite d’une loi de septembre 2018 portée par Muriel Pénicaud, alors ministre du travail. Il a, de surcroît, été tiré vers le haut grâce aux primes mises en place à la mi-2020 au profit des patrons qui recrutent des apprentis. Très longtemps assimilée à une voie de garage, cette filière a réussi à changer d’image et attire, depuis quelques années, de plus en plus de jeunes, le nombre de contrats signés ayant été multipliés par presque 2,9 entre 2016 et 2022.
« Une phase de plateau »
Le fléchissement observé en 2023 « correspond à une phase de plateau, qui est dû notamment à l’évolution de la démographie scolaire, le nombre d’élèves et d’étudiants ayant tendance à se tasser », confie Pascal Picault, « chargé du plaidoyer » à la Fédération nationale des directeurs de CFA. La conjoncture économique moins favorable, avec des créations d’emplois qui s’amenuisent, pèse aussi. Enfin, la réduction des dotations destinées à payer l’accompagnement des apprentis a une incidence négative, d’après Antoine Foucher, président de la société de conseil Quintet et ex-directeur du cabinet de Mme Pénicaud quand celle-ci était ministre du travail : « A force de diagnostics approximatifs et de baisses mal ciblées dans le financement des CFA, le gouvernement a perdu la confiance des acteurs et la dynamique s’est grippée », estime-t-il.
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