A Londres, en 2012, les produits de grande consommation, alimentaires ou non alimentaires, ont connu un pic de ventes pendant l’été dans tous les circuits de distribution, supérettes comme grandes surfaces. Faut-il en conclure que les Jeux olympiques sont propices aux achats de produits de snacking, de sodas et de bières ?
Attention à ne pas se tromper de diagnostic, alerte Emily Mayer, directrice « Business Insights » chez Circana, groupe spécialisé dans les études pour le secteur de la distribution. « Il est compliqué de démêler l’effet JO de l’effet météo, explique l’experte. En effet, il a fait exceptionnellement beau cet été-là à Londres, et les produits alimentaires sont très sensibles au temps qu’il fait. »
Bières, sodas et glaces se vendent mieux quand les températures montent. Cela peut expliquer, davantage que les épreuves olympiques, pourquoi d’autres produits, comme les insecticides ou les pansements, ont également vu leurs ventes s’envoler cet été-là.
Pour Mme Mayer, il convient donc de modérer les enthousiasmes. Les JO vont certes donner un coup d’accélérateur à la consommation, mais « de manière limitée dans le temps, et surtout visible à Paris ». « L’impact n’est pas de nature à bouleverser le profil de la consommation en 2024 », insiste-t-elle.
L’emplacement, clé du succès
Les gagnants seront les magasins situés près des sites olympiques, qui devraient écouler bien plus de boissons ou de snacks qu’à l’ordinaire. Lors de la Coupe du monde de rugby 2023, les ventes de bière et de sodas ont augmenté de 1,8 %, celles de produits apéritifs de 1,6 %. « Ce n’est pas énorme, mais la France a été éliminée avant les quarts de finale », détaille Mme Mayer. Ce qui permet de souligner que, tout autant que la météo, « les performances des athlètes français sont déterminantes sur l’impact sur la consommation ».
Les ventes devraient aussi progresser pour les commerces « situés dans les zones à forte densité d’hébergement touristique » – au pied des hôtels ou dans les quartiers truffés de locations saisonnières. La clientèle devrait se ruer sur les produits du petit déjeuner, voire du goûter, et les produits d’hygiène.
Les restaurateurs, eux, peuvent se frotter les mains. « Les gens vont consommer hors de chez eux, prévoit François Blouin, président de Food Service Vision, une société d’études spécialisée sur le secteur de la restauration. Les Jeux représentent environ 13 millions de repas et 23 000 emplois dans la restauration. »
Mais, là encore, comme en immobilier, la clé du succès sera l’emplacement. « Il y aura certainement un effet négatif sur certaines zones de chalandise », admet M. Blouin. Selon lui, toutefois, pour toute la filière, « le mot-clé est “incertitude” » : compte tenu des contraintes à la circulation, « la vraie question sera de parvenir à se faire livrer en temps et en heure », prévient-il.