Uranus est bleu pâle, Neptune bleu azur. C’est du moins ce que l’on croyait sur la foi des images envoyées par la sonde spatiale américaine Voyager-2 en 1986 et en 1989. Une étude, publiée le 5 janvier dans le journal Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vient détruire cette idée reçue. En réalité, les deux géantes de glace seraient d’un bleu verdâtre assez similaire. « La différence de couleur entre Uranus et Neptune est beaucoup moins nette que celle qui avait été observée dans les images couleur publiées immédiatement après les survols par Voyager-2 d’Uranus en 1986 et de Neptune en 1989 », écrivent Patrick Irwin, de l’université d’Oxford (Royaume-Uni), et ses collègues.
Pour Olivier Mousis, chercheur au Laboratoire d’astrophysique de Marseille (LAM), qui n’a pas participé à l’étude, cela remet les choses en perspective : « Pendant une dizaine d’années, ces images constituaient une référence. » Le bleu profond de Neptune serait en réalité une couleur artificielle liée au traitement des images prises par Voyager-2. A l’époque, le contraste avait été fortement augmenté pour faire ressortir certains éléments comme les nuages et les vents.
Une atmosphère riche en méthane
Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont analysé un ensemble de données recueillies par l’observatoire Lowell, en Arizona, de 1950 à 2016. Ces dernières ont été complétées par les informations provenant du spectrographe d’imagerie du télescope spatial Hubble et du spectrographe MUSE qui équipe le Very Large Telescope au Chili. L’objectif était de reconstituer les couleurs des deux planètes les plus éloignées du Système solaire de la manière la plus fidèle possible.
La couleur des deux géantes s’explique principalement par leur atmosphère riche en méthane. Ce gaz absorbe la lumière dans les longueurs d’onde du rouge et du vert et réfléchit celle du bleu, donnant ainsi une teinte vert bleuté. L’étude montre tout de même que Neptune a une légère touche de bleu supplémentaire, que le modèle interprète comme une couche de brume plus fine.
Ces travaux permettent surtout de lever le voile sur le changement saisonnier de la couleur d’Uranus. En été et en hiver, la planète apparaît plus verte, tandis qu’au printemps et en automne elle arbore des nuances plus bleues. L’équipe de recherche a démontré que ces variations ne sont pas uniquement liées à des différences de concentration de méthane – qui est plus basse au niveau des pôles qu’à l’équateur. Elles seraient aussi dues à la présence d’une couche de méthane glacé qui accroît la réflectivité dans les longueurs d’onde vertes et rouges.
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