Le constat était déjà fait, mais le baromètre EY du capital-risque en France, publié mercredi 10 janvier, fournit des chiffres sur le trou d’air traversé par les start-up françaises en matière de levées de fonds en 2023. Elles n’ont en effet réussi à attirer que 8,32 milliards d’euros sur la période, contre 13,5 milliards en 2022 (- 38 %) et 11,6 milliards en 2021.
Le nombre de tours de table réalisés accuse, lui aussi, un recul, avec seulement 715 opérations recensées sur l’année qui vient de s’achever contre 735 l’année précédente. « Le premier semestre 2023 a été le plus catastrophique qu’a connu la French Tech », admet Franck Sebbag, associé chez EY, chargé du secteur des entreprises à forte croissance.
Quelques « gros coups » ont permis d’atténuer ce choc, avec Vektor (batterie électrique, 850 millions d’euros), Mistral AI (intelligence artificielle générative, 385 millions) ou Driveco (recharge de véhicules électriques, 250 millions). Un podium qui reflète bien les tendances fortes à l’œuvre sur la scène tech hexagonale.
Pour la première fois les greentech (technologies vertes) se positionnent comme le secteur attirant le plus de capitaux (2,7 milliards d’euros, + 30 %), tandis que les acteurs de l’intelligence artificielle, qui ont levé 600 millions d’euros, se présentent dans les années à venir comme des animateurs du marché du capital-risque – qui, à l’échelle mondiale, y a consacré pas moins de 20 milliards en 2023.
Beaucoup de capitaux à investir
A l’inverse, un secteur tel que celui de la fintech, qui intègre notamment les acteurs des cryptomonnaies, voit les montants des fonds mobilisés s’effondrer (- 73 % en valeur), en bonne partie en raison du scandale FTX, qui a jeté une ombre sur cette industrie.
Dans le détail, les entreprises les plus matures ont été celles qui ont connu le ralentissement le plus fort. Les levées de fonds supérieures à 50 millions d’euros ont reculé en nombre (31 opérations, – 47 %) et en valeur (- 53 %, 3,8 milliards d’euros). Les levées inférieures à 50 millions ont moins souffert (- 15 % en valeur, + 1 % en volume), et celles inférieures à 10 millions d’euros ont même progressé de 6 % en nombre.
Le cabinet EY parie cependant sur un rebond au cours de l’année 2024, parce que les fonds ont encore beaucoup de capitaux à investir et que les start-up, qui ont repoussé le plus longtemps possible leur prochain tour de table afin de maintenir leur valorisation, ont, dans l’intervalle, travaillé afin de présenter des perspectives de rentabilité plus rassurantes. Le cabinet mise également sur une baisse des taux d’intérêt pour relancer la machine des levées de fonds. Toutefois, Franck Sebbag, prudent, nuance : « Le pire n’est jamais certain. »
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