La chaîne Arte a mis en ligne en 2023 la saison 2 de sa minisérie scientifique Voyages au pays des maths. Les dix épisodes sont visibles jusqu’en 2028 (ceux de la saison 1 jusqu’en 2026). La promesse, tenue, est la même que pour les épisodes précédents. Le spectateur curieux va non seulement apprendre des choses, mais surtout s’évader vers des mondes nouveaux, fruits de l’imagination des mathématiciens, sans être hors-sol.
Les principes sont efficaces. Un format court (10 minutes) fait d’une voix off racontant une histoire et de dessins animés en traits blancs ou orange sur fond noir, très léchés. Nombres, formes, courbes côtoient des personnages réels vêtus de costumes aux motifs géométriques très seyants. Beaucoup d’idées graphiques et un ton ironique mettent à l’aise le spectateur.
L’ensemble, très pédagogique, sans être scolaire, conduit le lecteur en partant de ses connaissances de lycée, ou de collège, jusqu’à la pointe de la recherche contemporaine. La bascule vers un niveau de difficulté plus grand se fait en général après la moitié du court-métrage. Et même si on lâche prise sur les connaissances, il faut persister pour entrer dans un état contemplatif, par exemple en admirant ces patates qui tournent dans l’espace, ou ces invasions de polytopes dans notre monde tridimensionnel. Evidemment, le visionnage des épisodes précédents est recommandé mais il n’est pas nécessaire pour comprendre les nouveaux.
Des nœuds au cerveau
Après avoir raconté, en 2022, le théorème de Gödel, le dilemme du prisonnier ou le plan complexe, le narrateur et surtout auteur Denis van Waerebeke a décidé de nous emmener vers d’autres « vallées », « océans » ou « jungles » des mathématiques. On suivra un vendeur de magasin de bricolage pour comprendre les pavages du plan. On tentera de gagner une jolie voiture, plutôt qu’une chèvre, à un jeu télévisé. On se fera des nœuds au cerveau pour saisir la théorie des graphes qui aide justement à comprendre l’agencement de nos neurones. On comprendra pourquoi des mathématiciens sont capables de s’insulter.
La diversité des maths est toujours présente, géométrie, probabilités, mais aussi analyse ou logique. Tous les sujets ne sont pas non plus des classiques et pourront surprendre. L’auteur a su s’inspirer ou s’attacher les services de références expérimentées en maths et en vulgarisation, comme Etienne Ghys (chroniqueur au Monde) ou Jean-Paul Delahaye (chroniqueur mensuel à Pour la science), mais aussi de plus jeunes talents comme Olga Paris-Romaskevich (mathématicienne suractive, auprès des jeunes notamment) ou Jérôme Cottanceau (professeur de mathématiques et auteur de l’ouvrage Les maths font leur cinéma, Dunod, 2021).
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