Le bitcoin, un produit financier comme un autre ? Pas encore, mais le plus connu des cryptoactifs a franchi une étape majeure jeudi 11 janvier en entrant en fanfare sur le marché américain des ETF (exchange-traded funds) au comptant, des fonds qui permettent d’investir dans une action, un indice boursier, une matière première ou un portefeuille d’obligations sans avoir à détenir directement l’actif concerné.
La simplicité des ETF a fait leur succès ces vingt dernières années, au point que ce marché pèse désormais plus de 12 000 milliards de dollars (11 milliards d’euros) à l’échelle mondiale. D’où l’enjeu pour le bitcoin, encore largement considéré comme un produit financier peu accessible et qui échappe en grande partie à la régulation.
Or mercredi 10 janvier, après des mois d’attente, la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité des marchés financiers américaine, a donné son feu vert à onze demandes de cotation d’ETF bitcoin, dont plusieurs étaient défendues par certains des principaux acteurs mondiaux de la gestion de fonds, comme BlackRock, Invesco, Fidelity ou Ark Invest.
Guerre des prix
Ces derniers n’ont pas attendu vingt-quatre heures pour profiter de la décision et les premières transactions sur les nouveaux ETF ont eu lieu jeudi dès l’ouverture de Wall Street, avec des volumes d’échanges de plus de 1,4 milliard de dollars en moins d’une heure, selon les données de Bloomberg.
Le cours du bitcoin en a profité pour dépasser brièvement 49 000 dollars, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis décembre 2021. Il avait déjà bondi de plus de 150 % en 2023, en profitant par anticipation de l’accès au marché des ETF.
L’attente de la décision de la SEC était telle que le compte X de cette dernière, mal protégé, avait été piraté mardi 9 janvier et qu’un message frauduleux avait été publié annonçant son accord à la commercialisation d’un fonds.
Pour les investisseurs, qu’ils soient particuliers ou institutionnels, il est donc désormais possible de miser sur le bitcoin en s’adressant à sa banque ou son courtier habituel, sans avoir à passer par une plate-forme spécialisée et sans s’inquiéter d’éventuels problèmes de liquidité, de fiscalité ou des risques de piratage.
« C’est l’émetteur de l’ETF qui devra s’assurer que les bitcoins sont détenus dans des conditions de sécurité adéquates, ce qui fait d’ailleurs partie des enjeux de l’approbation par la SEC. Le risque n’est pas porté directement par les investisseurs, l’ETF est un produit très sécurisé, régulé », explique Me Frédérick Lacroix, avocat associé au cabinet Clifford Chance.
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