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Gérald Darmanin, reconduit comme ministre de l’intérieur, entend privilégier « les sujets de fond »

Gérald Darmanin, au commissariat d’Ermont-Eaubonne (Val-d’Oise), le 10 janvier 2024.

Mardi 9 janvier, il installait Céline Berthon, ex-directrice générale adjointe de la police nationale, dans ses nouvelles fonctions à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ; le lendemain, il se tenait au côté de Gabriel Attal, à peine nommé à Matignon, au commissariat d’Ermont-Eaubonne (Val-d’Oise) ; vendredi 12 janvier, il saluait à Bièvres (Yvelines) le nouveau chef du RAID (Recherche assistance intervention dissuasion), l’unité d’intervention de la police. Pour le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le remaniement aura eu des allures de non-événement.

L’Elysée avait-il un autre choix que celui de maintenir à ce poste l’omniprésent ministre, qui incarne la fonction à force de surexposition médiatique en même temps qu’il offre un rempart à Emmanuel Macron, dont les prises de position sur les violences policières ou les contrôles au faciès en 2021 n’ont toujours pas été digérées par la profession ? Et le ministre, sauf à risquer un procès en désertion, disposait-il d’une autre option, à six mois des Jeux olympiques et paralympiques ?

« Il est affûté et a les bons réflexes pour zéro coût d’entrée » dans la fonction, justifie l’entourage de Gérald Darmanin. Ce choix est pourtant, aussi, un choix par défaut : non seulement le vivier macroniste est pauvre en profils sécuritaires mais, observe un préfet, « une rupture à Beauvau avant les JO impliquait des risques que le président de la République n’était pas prêt à courir ».

Au lendemain des émeutes de l’été 2023, Gérald Darmanin disait pourtant redouter « l’année de trop » dans un ministère « usant » et évoquait même prudemment des envies de déménagement au Quai d’Orsay. Après sa reconduite au poste le plus exposé du gouvernement, il assure désormais qu’il a « envie » d’y durer, au moins une petite année supplémentaire. Qu’il parvienne à s’y maintenir et sa longévité Place Beauvau le placerait en troisième position des ministres de l’intérieur les plus « durables » de la Ve République derrière les gaullistes Roger Frey et Raymond Marcellin (cinq ans et demi de mandats chacun environ, entre 1962 et 1974). « S’il avait quitté le gouvernement, il aurait été isolé, analyse le député (La France insoumise, LFI) d’Ille-et-Vilaine Frédéric Mathieu. Rester à l’intérieur lui donne un tremplin pour 2027, quitte à y laisser un champ de ruines en se plaçant sous la tutelle des syndicats, comme il le fait depuis le début. »

« Décathlon de la mobilisation policière »

Les remuantes organisations professionnelles de policiers viennent justement de se rappeler à son bon souvenir. Mercredi 10 janvier, une caravane de bus affrétée par Unité-SGP Police-FO a fait le tour de Paris pour réclamer des réponses sur la prime de voie publique, la revalorisation des salaires des PATS (personnels administratifs, techniques et scientifiques) et les mesures de reclassement. Autant d’engagements consignés dans un protocole datant de 2022, « mais toujours pas mis en œuvre », selon les syndicats. « C’était notre cérémonie d’ouverture à nous, ironise Grégory Joron, secrétaire général du syndicat. Et sans réponse sur ces revendications comme sur les JO, on lancera un décathlon de la mobilisation policière. »

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