Pour accueillir le gouvernement « resserré » de Gabriel Attal, on a raboté la table du conseil des ministres. Ce vendredi 12 janvier, à l’Elysée, Emmanuel Macron réunit son « XV de France », comme il surnomme le gouvernement de son premier ministre, Gabriel Attal. Les quatorze ministres nommés la veille sont serrés les uns contre les autres dans le petit salon vert de l’Elysée. « Je ne veux pas de gestionnaires, je veux des révolutionnaires », prévient le chef de l’Etat.
Face à lui, la nouvelle ministre de la culture, Rachida Dati, transfuge du parti Les Républicains (LR), proche de Nicolas Sarkozy et maire du 7e arrondissement de Paris, n’a guère les allures d’un soldat de l’an II. « La révolte, ça peut être le désordre. Et Rachida n’est pas pour le désordre, appuie David Alphand, président du groupe LR à Paris. Mais c’est une combattante. Sur ce point-là, elle peut avoir des allures révolutionnaires. »
Lorsque le nom de Rachida Dati surgit, jeudi, pour rejoindre l’exécutif, les députés macronistes de l’aile gauche manquent défaillir. « Il est devenu dingue ! », écrit un élu sur une boucle WhatsApp de parlementaires, visant Emmanuel Macron. Le débauchage de cette figure de la Sarkozie est vécu comme une provocation, quelques semaines après l’adoption de la loi « immigration » à laquelle se sont opposés vingt-sept députés du camp présidentiel.
« Je vais avoir à gérer une balkanisation »
Qualifiée de « gouvernement Gorafi » – du nom du site d’information parodique où le cynisme le dispute à l’absurde –, la nouvelle équipe suscite l’incompréhension des historiques de la Macronie. Guère susceptible d’élargir la majorité à l’Assemblée nationale, l’arrivée de l’élue parisienne aura pour conséquence, jugent-ils, de radicaliser les cadres LR et de les pousser à un accord avec l’extrême droite. Et d’inciter les électeurs de centre gauche à voter pour la liste socialiste aux élections européennes. Tout en divisant la majorité, déjà fracturée par la loi « immigration ».
Choquée, la députée apparentée Renaissance Stella Dupont (Maine-et-Loire), figure de l’aile gauche, a annoncé vendredi sur X sa décision de « prendre du recul », en attendant de connaître « la composition complète » du gouvernement et le « nouveau cap donné à la majorité ». Nombre de ses collègues veulent aussi connaître l’architecture gouvernementale, attendue d’ici au 20 janvier, et entendre le chef de l’Etat, qui doit donner une conférence de presse dans le courant de la semaine, avant de formaliser une prise de distance. Ils doivent se retrouver mardi 16 janvier. Structurer un sous-groupe au sein du groupe majoritaire leur permettrait de se faire entendre. « Je vais avoir à gérer une balkanisation », s’est confié vendredi, auprès d’un parlementaire, Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance au Palais-Bourbon.
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