« Le compte n’y est pas dans ces négociations », a dénoncé, jeudi 11 janvier, Léonard Prunier, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF), un organisme qui regroupe un millier de PME fournisseuses de la grande distribution, alors même que les négociations entre les entreprises de moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires et les enseignes des supermarchés et hypermarchés, pour fixer les tarifs 2024, s’achèvent lundi 15 janvier.
A trois jours de cette échéance, l’ensemble des acteurs de la filière alimentaire française étaient conviés à une réunion du comité de suivi des négociations commerciales sous l’égide de Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, et en présence de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie, représentant Bercy. Une rencontre placée sous le signe de l’incertitude liée au remaniement ministériel mais qui n’a pas manqué de mettre en lumière la tension qui règne dans les box de négociations.
La FEEF a présenté les résultats d’un sondage mené auprès de ses adhérents le 8 janvier. Il en ressort que le taux de signature des contrats des sondés n’était alors que de 53 %. Surtout, elle met en exergue une « absence de revalorisation des prix pour les fournisseurs des PME et entreprises de taille intermédiaire [ETI] avec en moyenne une hausse de tarif demandée d’environ 3 % et un atterrissage de la négociation à l’étal voire négatif (entre 0 et – 1 % de déflation) pour 60 % des PME-ETI ». Or, selon cet organisme, 72 % des entreprises interrogées prévoient une baisse de leur résultat net en 2023, signe de l’incapacité pour les PME d’avoir répercuté la hausse de leurs coûts dans les prix finaux. Et il estime que les coûts de production ont globalement continué à progresser en 2023.
Mais les signatures de contrats s’accélèrent. Selon Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), qui regroupe l’ensemble des fabricants de produits alimentaires en France, à date, « 70 % des PME ont signé ». A l’inverse, il affirme que le taux n’est que de 10 % pour les grandes entreprises. Il est vrai que, selon la nouvelle loi que le gouvernement a fait adopter en 2023 pour accélérer le calendrier des négociations, elles ont jusqu’au 31 janvier pour trouver un accord.
Matières premières agricoles
La grande distribution reproche aux géants de l’agroalimentaire de jouer la montre. Elle montre également du doigt ce qu’elle qualifie de défaut de transparence. Elle estime que les documents certifiant les hausses de coût des matières premières, en particulier agricoles, et donc justifiant les demandes de revalorisation, sont sujets à caution. La violence de l’affrontement s’est illustrée avec la décision de Carrefour de déréférencer les marques du groupe PepsiCo dans ses magasins, en représailles à des demandes de hausse de tarif jugées excessives.
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