Garder le sourire, jusqu’au bout. Et, surtout, revendiquer la précieuse liberté de parole qui lui a sans doute coûté sa place. Vendredi 12 janvier, lors de la passation des pouvoirs à Rachida Dati, une nomination que personne n’avait vue venir, Rima Abdul Malak a regretté la « malédiction » qui frappe le ministère de la culture, où les têtes valsent tous les vingt mois.
Jusqu’au dernier moment, elle avait espéré garder son poste, insensible aux folles rumeurs donnant comme favorites la journaliste Claire Chazal ou Sabrina Agresti-Roubache, ancienne secrétaire d’Etat chargée de la ville et protégée d’Emmanuel Macron. « Elle fait le job et, dans un secteur très éruptif, où l’occasion de se prendre les pieds dans le tapis est fréquente, elle a réussi à cheminer de façon adroite », énumérait, confiant, le communicant Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande. Un habitué de l’Elysée se montrait plus sévère : « Elle n’en a pas fait assez pour avoir une immunité et peser politiquement, mais beaucoup trop en com, ce qui l’a fait sortir du jeu. »
Plongée, en décembre 2023, dans les eaux glacées d’une double crise, celle que le microcosme culturel appelle affectueusement par son prénom, « Rima » a vu en quelques semaines son étoile politique flétrir. En porte-à-faux avec le vote de la loi sur l’immigration, Rima Abdul Malak se retrouve, avec toute l’aile gauche du gouvernement, dans une boucle WhatsApp baptisée « Valeurs », lancée par Clément Beaune, alors ministre délégué chargé des transports. Elle se garde toutefois de participer au dîner des frondeurs d’un soir, et apporte un démenti aux rumeurs de démission dans un post Instagram où elle énumère néanmoins les dispositions du texte sur l’immigration qui « heurtent [ses] convictions » et sa propre histoire familiale de Libanaise ayant fui la guerre civile. Mais le mal est fait. « Le président saura reconnaître ceux qui tiennent dans la tempête », tonne l’entourage d’Emmanuel Macron.
Camouflet millimétré
Une polémique chasse l’autre, avec l’affaire Depardieu. Le 15 décembre, une semaine après la diffusion d’un numéro de l’émission « Complément d’enquête », sur France 2, dans laquelle on voit le « monstre sacré du cinéma français » mis en examen pour viol multiplier les propos obscènes et misogynes lors d’un voyage en Corée du Nord, Rima Abdul Malak annonce sur le plateau de « C’est à vous », sur France 5, qu’une « procédure disciplinaire » sera engagée par la grande chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de l’acteur.
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