A quoi ressemblera la première équipe de France de rugby post-Coupe du monde ? Trois mois après la cruelle sortie de route des Bleus à domicile, face à l’Afrique du Sud en quarts de finale, Fabien Galthié s’apprête lancer un nouveau cycle pour conduire son équipe de France jusqu’au Mondial 2027, en Australie. Mercredi 17 janvier, le sélectionneur tricolore annoncera une première liste de trente-quatre joueurs qui prépareront le premier match du Tournoi des six nations face à l’Irlande, le 2 février, à Marseille.
Quelques certitudes déjà : Antoine Dupont n’en fera pas partie. L’habituel capitaine du XV de France faisant cette année l’impasse pour privilégier le rugby à VII et la quête d’une médaille aux Jeux olympiques de Paris. Son compère au Stade toulousain et en sélection Romain Ntamack manquera lui aussi à l’appel, le demi d’ouverture soignant encore une blessure au genou l’ayant déjà privé du Mondial.
La première liste de Fabien Galthié devrait ainsi faire la part belle aux cadres de l’équipe, mais également à quelques jeunes ayant brillé lors des premières journées du championnat de France. L’ancien demi de mêlée est friand d’« ovnis » comme il s’est plu à le répéter durant ses quatre premières années de mandat, et a pu en observer un beau en cette fin d’année 2023, en la personne de Posolo Tuilagi.
Du haut de ses 19 ans, le deuxième-ligne de Perpignan né aux Samoa est le dernier cité d’une famille d’illustres rugbymen : son frère, ses cousins et ses oncles ont pour la plupart joué en professionnel, et son père, Henry Tuilagi, a lui aussi fait le bonheur du club catalan, de 2007 à 2015. Cependant, même au sein d’une telle lignée, le physique de Posolo détonne et explique pourquoi il est si souvent utilisé dans la ligne d’attaque de son équipe : 145 kilos pour 1,92 mètre !
Sacré champion du monde des moins de 20 ans avec les Bleuets à l’été 2023, le colosse formé à l’USAP – où il a pris sa première licence, en 2010 – pourrait ainsi rapidement lorgner l’équipe première en sélection, et ce malgré sa faible expérience (seulement vingt-quatre matchs disputés en Top 14). Reste que son cas a fait l’objet d’un imbroglio ces derniers jours.
« C’était simplement la décision d’un homme »
Selon les règles de World Rugby (la fédération internationale), un joueur est éligible pour défendre les couleurs d’un pays s’il y a résidé pendant soixante mois consécutifs. C’est le cas de Posolo Tuilagi, mais une spécificité française est venue semer la confusion. Lors de ses années à la tête de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte (de 2016 à 2023) et ses équipes avaient fait de l’obtention d’un passeport une condition obligatoire pour prétendre au XV de France.
« Il n’y a pas de loi à ce sujet. C’était simplement la décision d’un homme, qui n’a même pas été validée par le comité directeur, a répondu Jean-Marc Lhermet, vice-président de la FFR depuis la nomination de Florian Grill en 2023, vendredi auprès de Rugbyrama. Pour être très clair, on pensait qu’elle l’avait été, mais pas du tout. De ce fait, rien ne nous obligeait à continuer dans ce sens. »
Dans la soirée, la FFR s’est empressée de publier un communiqué pour éclaircir la situation du deuxième-ligne. « Bien que sous la présidence de Bernard Laporte une orientation [ait] été adoptée pour limiter la sélection de joueurs étrangers, sauf détenteurs d’un passeport français, le processus de sélection d’un joueur reste exclusivement dicté par les règles de World Rugby. »
Sélectionnable, Posolo Tuilagi n’est pas pour autant assuré de faire ses débuts avec les Bleus le 2 février, ni même de faire partie de la liste de trente-quatre joueurs de Fabien Galthié. « Le fait qu’il soit sélectionnable ne veut pas dire qu’il jouera forcément. Simplement, si Fabien Galthié veut l’aligner, il le peut », a confirmé Jean-Marc Lhermet.
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Comme beaucoup de joueurs, le deuxième-ligne suivra donc sûrement avec intérêt l’annonce de la liste, le 17 janvier. S’il pourrait profiter de la blessure au pied de l’habituel titulaire Thibaud Flament pour tenter de s’y faire une petite place, il devra surtout faire face à une autre concurrence de poids : celle d’Emmanuel Meafou (2,03 m, 145 kilos). Le Toulousain, né en Nouvelle-Zélande et qui a grandi en Australie, compte, lui aussi, jouer ses premières minutes avec l’équipe de France lors du Tournoi des six nations.