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Amélie Oudéa-Castéra « regrette » d’avoir pu « blesser certains enseignants » du public avec ses déclarations sur les heures d’enseignement non remplacées

Amélie Oudéa-Castéra à la sortie du premier conseil des ministres du gouvernement Attal, à l’Elysée, le 12 janvier 2024.

Alors qu’elle a suscité un tollé vendredi en expliquant avoir fait le choix de scolariser ses enfants dans un établissement privé du fait des difficultés de remplacement des enseignants dans le public, la nouvelle ministre de l’éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, a dit « regrette[r] » d’avoir pu « blesser certains enseignants de l’enseignement public » par sa justification, samedi 13 janvier.

« Je n’avais aucunement cette intention », dit la nouvelle ministre dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse, où elle explique avoir simplement répondu « sans détour », « avec sincérité et transparence », à une question posée par des journalistes. « Je sais ce que je dois à l’école publique et à ses professeurs. Je serai toujours à leurs côtés, comme je serai aux côtés de toute la communauté éducative », fait valoir Mme Oudéa-Castéra, en ajoutant : « Les Français attendent de nous que nous soyons lucides sur les difficultés. Et ils attendent de nous que nous agissions pour les traiter. »

« L’année scolaire dernière, 15 millions d’heures n’étaient pas remplacées. C’est autant de pertes de chances pour notre jeunesse et son éducation », souligne encore celle qui a été nommée jeudi à la tête de ce grand ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques. « Ce problème, nous en avons fait un combat, en passant déjà de 5 à 15 % d’absences remplacées, en changeant l’organisation des formations pour qu’elles ne se fassent plus sur les temps devant élèves », poursuit-elle encore.

« Il reste beaucoup à faire, reconnaît Amélie Oudéa-Castéra. Et je me suis engagée dès ma prise de fonctions à prendre ce combat, en poursuivant les réformes engagées visant à la revalorisation des carrières. » Elle conclut sa déclaration en faisant savoir qu’elle « rencontrer[a] dans les tout prochains jours l’ensemble des acteurs de l’éducation nationale, pour bâtir ensemble ».

Le gouvernement « se retrousse les manches »

Depuis vendredi, le nouveau gouvernement tente d’éteindre la polémique autour de la scolarisation des enfants de la ministre au collège et au lycée privés Stanislas, institution catholique, élitiste et conservatrice du 6e arrondissement de Paris, en faisant justement valoir son action pour résoudre le problème des absences de professeurs non remplacées.

Interrogé sur le sujet en marge d’un déplacement à Dijon, le premier ministre, Gabriel Attal, a estimé samedi que « la ministre s’est exprimée en transparence sur les choix qui ont été les siens dans sa famille et sur sa vie ». « Pour ce qui est de la question des absences non remplacées, là aussi je trouve qu’il y a beaucoup d’hypocrisie chez certains commentateurs ou chez certains politiques », a-t-il lancé, jugeant qu’« il suffit d’échanger avec des Français, avec des parents d’élèves, pour mesurer que cette question-là est un enjeu important ».

« Est-ce que ça veut dire que c’est la faute de nos enseignants, de nos équipes pédagogiques, de nos chefs d’établissement ? Evidemment que non », a poursuivi M. Attal en assurant que le gouvernement « se retrousse les manches sur ce sujet-là », qu’il dit « avoir pris à bras-le-corps » lorsqu’il était à la tête du ministère de l’éducation, ces cinq derniers mois.

Selon lui, la « première raison des absences non remplacées, c’est d’abord l’organisation du système de l’éducation nationale », ce sur quoi le gouvernement a amorcé des réformes a-t-il ajouté, en citant le pacte enseignant mis en place à la rentrée 2023 et la formation des professeurs hors temps scolaire.

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Promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne pour sa réélection en 2022, le pacte enseignant prévoit des hausses de rémunérations conditionnées à de nouvelles missions comme des remplacements, des stages lors des vacances et du soutien scolaire. Alors ministre de l’éducation nationale, M. Attal avait affirmé à la fin de septembre qu’un enseignant sur quatre avait signé le pacte.

« Choix par défaut »

Samedi matin, la nouvelle porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, avait elle aussi balayé le procès intenté à la nouvelle ministre de l’éducation nationale. « Il y aurait polémique si un membre du gouvernement en responsabilité posait un constat sans proposer de solutions », a-t-elle affirmé sur France 2, en évoquant l’augmentation des absences remplacées.

Une autre membre du gouvernement, Aurore Bergé, ministre déléguée à l’égalité entre les hommes et les femmes, avait pris la défense de sa collègue vendredi soir. « Ce qu’elle a vécu en tant que mère – et c’est d’abord un sujet intime, de vie familiale, de vie personnelle –, beaucoup de parents l’ont vécu », a-t-elle dit sur France 5.

« Le problème aujourd’hui, c’est que vous avez beaucoup trop de parents qui font un choix par défaut de scolariser les enfants dans le privé parce qu’ils considèrent qu’ils ne trouvent pas, au sein de l’école publique, suffisamment d’éléments qui justifient qu’ils y restent », a-t-elle affirmé, avant d’ajouter : « Notre enjeu, c’est de faire en sorte que tous les parents considèrent qu’ils n’ont plus à faire de choix par défaut. »

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Le Monde avec AFP


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