Et si le nouveau gouvernement, incarné par l’arrivée au ministère de la culture de Rachida Dati, une figure de la Sarkozie, offrait un ballon d’oxygène à une gauche restée sur le banc de touche du remaniement annoncé le 11 janvier et étouffée depuis 2017 par le « en même temps » macroniste ? A moins de cinq mois des élections européennes, c’est en tout cas l’espoir qu’entretiennent certains de ses cadres.
« Ce remaniement a au moins le mérite de la clarté. C’est la fin du confusionnisme. En tout cas, il faut le souhaiter », espère le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure, pour lequel « la jeunesse du premier ministre n’est que le paravent d’un gouvernement très à droite ».
« La régénération, c’est celle des dinosaures sarkozystes. Le “réarmement civique”, c’est la nomination d’une mise en examen pour corruption [Rachida Dati] », ajoute le député de Seine-et-Marne en référence aux concepts employés par le président Emmanuel Macron lors de ses vœux du 31 décembre. « C’est plutôt une bonne nouvelle : enfin la poussière retombe et le clivage droite-gauche est rétabli », abonde son collègue PS de l’Essonne, Jérôme Guedj, qui pense que cette séquence « clôt la promesse originelle du macronisme ».
L’analyse est partagée par l’élu « insoumis » de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel, qui considère lui aussi qu’« il n’y a plus de “en même temps” » et que « la dérive droitière va s’accentuer ». « Ça donne une responsabilité plus forte pour la gauche, mais avec un programme de rupture », ajoute le président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Il avertit ainsi tous ceux qui, dans l’avenir, seraient tentés d’adoucir le programme de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), pour attirer de potentiels déçus du macronisme.
« Logique politique »
Pour Jérôme Guedj, qui caresse pour la présidentielle de 2027 le rêve d’une primaire à gauche, il n’en est pas question. « Le socle programmatique, c’est évidemment le programme de la Nupes, qu’il faut enrichir et adapter, sans l’édulcorer », tente-t-il de rassurer. Ce programme, en grande partie calqué sur L’Avenir en commun de Jean-Luc Mélenchon, avait servi de socle à l’élection des députés de l’ex-alliance.
Mais cet horizon est encore lointain. En attendant, la gauche espère plutôt que le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, qui devrait prononcer au cours de la semaine du 15 janvier son discours de politique générale, se soumette à « un vote de confiance ». Sans quoi une motion de censure serait déposée, a déjà prévenu La France insoumise (LFI).
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