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« Quelques outils simples pour vendre du poison » : petit bréviaire (sarcastique) pour entreprises polluantes

Gagner sa vie en vendant du poison n’est pas chose facile. Cela peut même devenir périlleux quand des activistes, associations, et même juges de tout poil se mêlent de vos petites affaires lucratives, car il reste dans la loi quelques qualifications fâcheuses qui peuvent parfois compliquer votre tâche. Amis producteurs de pesticides dangereux, de produits chimiques toxiques, de médicaments inutiles et nocifs, de polluants éternels, d’aliments obésogènes, d’additifs et d’édulcorants cancérigènes, ne tremblez plus : des années d’expertise ont permis de développer une panoplie de discours et d’actions simples à l’efficacité éprouvée.

Afin de démocratiser l’accès à ces recettes habituellement vendues leur pesant d’or par des agences de communication, les voici en « open source ». A vous ensuite de les adapter au poison qui vous concerne et de les faire porter par des experts dans les arènes médiatiques à fort audimat et les cénacles qui légiféreront sur le maintien de vos produits sur le marché.

Prônez la complexité

Pouvez-vous imaginer une situation, un objet, un concept dont on ne pourrait dire qu’il est complexe ? La complexité a l’avantage de placer un seuil distinguant les choses simples des choses complexes. La bonne nouvelle, c’est qu’on ne sait pas mesurer la complexité et qu’il n’y a pas de consensus sur la valeur du seuil. Vous pourrez donc affirmer sans risque que la situation qui vous est reprochée est complexe, et que ne pas le reconnaître, c’est être simpliste, voire manichéen. Ça n’a l’air de rien, mais c’est une excellente manière de semer le doute dans l’esprit de vos opposants, ce qui nous amène au deuxième argument.

Semez le doute

De quoi peut-on être absolument certain ? Popularisée par la présidence Trump, la post-vérité ouvre des perspectives fantastiques pour défendre vos activités. Certes, la science élabore des connaissances. Mais elle revendique aussi les limites et les imperfections de ses savoirs, et même, tenez-vous bien, qu’ils seront un jour dépassés. Faites valoir que la preuve définitive démontrant la dangerosité de votre produit n’a pas été obtenue. Plus de recherches sont nécessaires. Les scientifiques se sentent toujours concernés par la causalité et la preuve et vous sèmerez le doute dans leurs rangs. Soyez relativistes, évoquez sans réserve l’équivoque, le controversé, le débattu. La science devenant une opinion comme une autre, les études épidémiologiques et toxicologiques prouvant la nocivité de votre juteux business ne seront qu’une assertion parmi d’autres tout aussi fondées. Et voici venir le troisième argument.

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