Le ton continue de monter entre les deux Corées. Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a menacé Séoul d’entrer en guerre pour toute violation « ne serait-ce que de 0,001 mm » du territoire de la Corée du Nord, selon l’agence de presse nord-coréenne KCNA. Il a également souligné que son pays ne reconnaîtrait pas la frontière maritime de facto entre les deux pays, la « ligne de limite du Nord », et a appelé à des changements constitutionnels permettant à Pyongyang d’« occuper » la Corée du Sud en cas de guerre.
A Séoul, le président Yoon Suk Yeol a répondu que la Corée du Sud « ripostera au centuple » à toute provocation du Nord, soulignant les « capacités de réponse écrasantes » de son armée. Les deux pays voisins sont toujours techniquement en guerre depuis 1953, les combats ayant été stoppés par un armistice et non par un traité de paix.
Cette escalade verbale suit une détérioration des relations entre les deux pays, au plus bas depuis des décennies, après notamment le lancement en novembre par Pyongyang d’un satellite espion, et la suspension par Séoul d’un accord militaire de 2018 ayant pour objectif d’apaiser les tensions.
Dissolution des agences nord-coréennes chargées du dialogue avec Séoul
La journée de mardi 16 janvier a d’ailleurs été marquée par l’annonce du Parlement nord-coréen de la dissolution de plusieurs agences œuvrant pour le dialogue et la réunification avec le Sud. « Le Comité pour la réunification pacifique du pays, le Bureau national de coopération économique et l’Administration internationale du tourisme, outils qui existaient pour le dialogue, les négociations et la coopération [Nord-Sud], sont abolis », a ainsi déclaré l’Assemblée populaire suprême, ajoutant que le gouvernement du Nord prendrait des « mesures pratiques » pour mettre en œuvre cette décision.
Le Parlement déclare que les deux Corées sont désormais engagées dans une « confrontation aiguë » et que le Nord commettrait une grave erreur s’il considérait le Sud comme un partenaire diplomatique.
Lors d’un discours prononcé à l’assemblée, le leader nord-coréen, Kim Jong-un, a reproché à la Corée du Sud et aux Etats-Unis d’accroître les tensions dans la région. Il a déclaré qu’il était devenu impossible pour le Nord de poursuivre la réconciliation et la réunification pacifique avec le Sud, et a appelé le Parlement à réécrire la Constitution du Nord lors de sa prochaine réunion afin de définir la Corée du Sud comme le « premier pays hostile du Nord », selon l’agence KCNA.
Accélération des préparatifs militaires
La Constitution de Corée du Nord, tout comme celle de la Corée du Sud, revendique la souveraineté sur l’intégralité de la péninsule Coréenne. Promulguées il y a soixante-quinze ans, elles considèrent chacune l’autre comme une entité illégale.
Les maigres contacts entre les deux pays faisant office de relations diplomatiques étaient gérés par le ministère de l’unification sud-coréen et le Comité nord-coréen pour la réunification pacifique, l’un des organismes fermés par Pyongyang. Le Bureau national de coopération économique et l’Administration internationale du tourisme de Kumgangsan avaient, eux, été mis en place pour gérer les projets économiques et touristiques conjoints entre les Corées pendant une brève période de réconciliation dans les années 2000. Ces projets ont été interrompus à mesure que les relations entre les rivaux s’aggravaient à cause des ambitions nucléaires de la Corée du Nord pourtant interdites par les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Kim a intensifié ses démonstrations d’armement au cours des derniers mois. Les Etats-Unis et leurs alliés Séoul et Tokyo ont réagi en renforçant leurs exercices militaires combinés, que le dirigeant nord-coréen a condamnés comme des répétitions d’invasion, et en affinant leurs stratégies de dissuasion nucléaire. Fin décembre, Kim Jong-un a ordonné l’accélération des préparatifs militaires en vue d’une « guerre » pouvant « être déclenchée à tout moment ». Mercredi, il a décrit la Corée du Sud comme le « principal ennemi » du pays, qu’il n’hésiterait pas à « anéantir »