La dynastie Tudor, malgré sa relative brièveté (1485-1603), a produit des figures historiques d’une telle importance (Elizabeth Ire, Henri VIII, pour ne citer qu’eux) que toute nouvelle liée à cette lignée royale suscite une attention spéciale au Royaume-Uni. A Collyweston, un beau village de pierres blondes situé dans le Northamptonshire, au cœur de l’Angleterre, la découverte, fin 2023, de fondations d’un château royal ayant appartenu à Marguerite Beaufort, mère d’Henri VII, le premier roi Tudor, a fait sensation. Un pan de mur du palais a été exhumé dans un jardin privé à l’occasion de travaux de construction d’un garage.
L’emplacement précis est maintenu caché aux yeux du public, par crainte des visiteurs inopportuns et d’éventuels chasseurs de trésor, « mais des fouilles plus importantes doivent débuter dès février, dans trois zones du village, pour identifier les restes de ce que nous croyons être le porche d’entrée du palais, sa grande salle de réception et les restes de sa chapelle », explique Chris Close, président de la Collyweston Historical and Preservation Society (Chaps), le club local d’histoire, animé par une poignée d’amateurs volontaires et passionnés.
Chris Close, dont la famille vit à Collyweston depuis des générations, est travailleur du bâtiment. « Collégien, je détestais l’histoire, apprendre par cœur les dates, les noms des rois et reines », se rappelle l’autodidacte de 48 ans. Mais, il y a huit ans, il a promis à un oncle en mauvaise santé de reprendre le flambeau de l’association d’histoire locale qu’il animait. Elle se consacrait surtout à l’exhumation du riche passé romain de Collyweston ou de ses savoir-faire (ses carrières uniques de lauzes). « Depuis, je suis accro à l’histoire », glisse M. Close.
Maigre budget
Lui et ses collègues de la Chaps décident, en 2017, de s’atteler à la recherche d’un palais Tudor dont ils entendent parler depuis l’enfance comme d’une légende locale. Signalé dans de nombreuses archives, il a totalement disparu. Sans équipement, dotés d’un maigre budget (quelques milliers de livres sterling), ces archéologues amateurs empruntent un drone pour tenter de localiser les contours de l’édifice et obtiennent l’autorisation d’utiliser un radar à pénétration de sol (GPR, pour Ground-Penetrating Radar), capable d’identifier les différences géologiques du sous-sol. Les contours de possibles corps de bâtiment apparaissent alors, à flanc de colline, sous une large partie de l’actuel village.
Les premières fouilles, dans un jardin privé nommé Palace Garden, ne donnent rien : ce qui ressemble aux fondations du château sur le tracé GPR ne sont en réalité que des veines de calcaire. La difficulté était aussi de s’assurer que les pierres retrouvées correspondent bien à celles du château, et non à un bâtiment postérieur ou antérieur. L’inventaire des monuments historiques du Northamptonshire signale que le palais de Collyweston fut construit au milieu du XVe siècle par le trésorier royal Ralph de Cromwell avant d’être acquis par Henri VII (qui le donne à sa mère en 1487) puis de tomber en déshérence, cent cinquante ans plus tard.
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