L’économie chinoise a connu une croissance de 5,2 % en 2023, a annoncé, mercredi 17 janvier, le Bureau national des statistiques. Un chiffre en demi-teinte, qui ne reflète pas réellement l’impression de crise économique dont les acteurs économiques chinois parlent volontiers. Car la croissance enregistrée l’an dernier est calculée sur la base faible de 2022 (3 % de croissance), une année noire marquée par les confinements à répétition qui avaient étouffé l’activité.
En 2023, la reprise post-Covid-19 a rapidement déçu : pas ou peu de consommation dite « de revanche », l’heure était plutôt à la prudence pour les ménages chinois, dont beaucoup se remettaient encore de pertes de revenus pendant la pandémie. Alors que la demande intérieure était à la peine, le ralentissement mondial a pesé sur les exportations, qui ont reculé pour la première fois depuis 2016, à − 4,6 %.
Mais c’est surtout la crise immobilière qui tire l’activité vers le bas. Depuis la chute du grand promoteur Evergrande, en 2021, le secteur, qui assure encore environ 20 % de l’activité, va de mal en pis. Après des dizaines d’autres petits promoteurs, Country Garden, un autre géant du secteur, est entré en défaut de paiement en 2023.
A travers le pays, les projets immobiliers non terminés font hésiter les acheteurs potentiels, la chute des ventes empêche les promoteurs de rebondir et le recul des prix signifie que les propriétaires de logements se sentent moins riches. Même les gouvernements locaux sont touchés : avant la crise, les ventes de terrains à bâtir aux promoteurs assuraient en moyenne 40 % de leurs revenus.
Déflation
Pour l’instant, les économistes ne voient pas de raisons d’être optimiste pour 2024. « Je pense que ces vents contraires seront toujours là : en particulier, le problème de l’immobilier. Les attentes concernant les prix sont toujours à la baisse. Un soutien politique plus fort pourrait aider, mais les promoteurs continueront à être confrontés à des problèmes pour rembourser leurs prêts et pour obtenir les financements suffisants pour terminer la construction de leurs projets en cours », estime Tommy Wu, économiste principal pour la Chine chez Commerzbank.
Autre point de tension qui illustre la morosité ambiante, la baisse des prix : là où le reste du monde est aux prises avec l’inflation, en Chine, c’est la déflation qui pose problème. Les prix à la consommation ont baissé ces trois derniers mois et atteignent 0,2 % sur l’année, loin de l’objectif de 3 % fixé par Pékin. Si ce recul semble une bonne nouvelle pour les consommateurs, le risque est d’enclencher une spirale négative, dès lors que les ménages s’attendent à des tarifs plus bas et repoussent leurs achats. Pour les entreprises, la situation est encore plus dure : les prix de vente en sortie d’usine sont en baisse depuis quinze mois. Faute d’inflation, les dettes sont aussi plus lourdes à rembourser.
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