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Une « Histoire économique de la France » résume deux mille ans de crises, d’expansion et de fiscalité

Le pari était osé – raconter en 500 pages l’histoire de France avec les outils de l’économiste –, mais il est gagné. L’Histoire économique de la France de Charles Serfaty (Passés composés, 528 pages, 27 euros) est certes plus du côté du récit que du dernier état des savoirs de la science économique sur l’immense masse de sujets qu’impose un objectif aussi ambitieux : la chute de l’Empire romain, l’essor de l’Europe au Moyen Age avant sa « grande crise » du XIVe siècle, la naissance de la fiscalité et des Etats-nations, la soudaine croissance de l’Occident à partir du XVIIIe siècle, l’expansion coloniale et la première « mondialisation », les crises économiques et les guerres du XXe siècle, la seconde mondialisation, et même les crises contemporaines de la dette, du climat, de la désindustrialisation…

La somme d’informations, de données et d’analyses collectées dans ce livre est phénoménale, comme en témoignent les notes de fin de volume, surtout de la part d’un jeune (31 ans) économiste de la Banque de France, certes normalien, diplômé du Massachusetts Institute of Technology et disciple du regretté Daniel Cohen, ce qui explique peut-être sa désinhibition face aux prudences académiques. Ce que beaucoup lui reprocheront sans doute.

Pour mettre en scène cette gigantesque matière, l’auteur a en effet choisi de coller le plus possible à ce que chacun a retenu de son manuel d’histoire d’école primaire. C’est un vrai plaisir de lire une explication « économique » d’images d’Epinal comme le vase de Soissons, Saint Louis rendant la justice sous son chêne, Sully et la poule au pot, etc. Le choix d’un récit chronologique, rythmé par un découpage on ne peut plus traditionnel – Antiquité, Moyen Age, Renaissance, âge classique, révolutions, France contemporaine –, facilite la lecture. On peut ainsi se contenter de grignoter des morceaux d’un ouvrage qui peut rester longtemps sur la table de chevet, et ce, sans dommage : on ne risque pas de perdre le fil, puisqu’il n’y en a pas vraiment.

Big data et Empire romain

Certains auraient en effet pu craindre – ou espérer, selon les points de vue – que l’auteur ait choisi d’adhérer à la vague du retour au « récit national » pour raconter la merveilleuse histoire de la construction de la France éternelle, depuis « nos ancêtres les Gaulois » jusqu’à la lutte contemporaine de l’Hexagone contre les vents de la mondialisation. Il y a bien quelques raccourcis, comme « la particularité historique de la France est que l’Etat y a bâti la société puis, progressivement, la nation », mais l’auteur évite plutôt les généralisations hâtives.

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