Partons des faits : si l’inflation des produits alimentaires a marqué les esprits en 2023, s’élevant à 13 % en juillet, l’inflation générale sur l’année descend lentement vers 4 %. La baisse du pouvoir d’achat a été limitée par des mesures publiques. La première est l’évolution du salaire minimum, qui a augmenté de 4 % environ, du fait de la seule règle d’indexation. La rémunération des salariés a été soutenue par les primes et les heures supplémentaires. Le taux de marge des entreprises a augmenté pour se placer à un plateau élevé en plus des salaires réglementés, auquel il faut ajouter l’évolution du point d’indice de la fonction publique. Le pouvoir d’achat des ménages a été soutenu par un ensemble de dispositifs avec un coût budgétaire important : revalorisation des prestations sociales, remise sur le prix du carburant, bouclier énergétique, effet de la suppression de la taxe d’habitation et de la redevance audiovisuelle.
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Ensuite, la bonne tenue de l’emploi en 2023 provient d’une très faible croissance de la productivité du travail. Cela est une bonne nouvelle pour l’emploi à court terme, à même niveau de croissance, une baisse de la productivité « enrichit » la croissance en emplois, car il faut plus de travailleurs pour produire la même chose. A moyen terme cependant, cette faible productivité est une mauvaise nouvelle pour le pouvoir d’achat et les comptes publics.
Le taux de chômage reste inférieur à 7, 5 %, un niveau plutôt faible en France. L’année 2024 s’annonce morose sur le front de l’emploi avec une croissance qui reste faible, inférieure à 1 %, et une remontée progressive de la productivité faisant remonter le taux de chômage. Une partie de la baisse de la productivité est le résultat souhaité de politiques en faveur de l’apprentissage, qui ont augmenté l’emploi salarié de plus de 25 000 personnes, avec un coût budgétaire élevé. Bien sûr, ces mesures suscitent autant de critiques qu’il existe de couleurs dans le spectre politique, mais il ne fait pas de doute que l’action publique a soutenu le pouvoir d’achat et de l’emploi en 2023.
Une mesure du soutien de l’Etat à l’activité économique est le déficit public, attendu à 4,9 %. Cet activisme budgétaire, alors que la croissance prévue en 2023 est faible, signifie-t-il que la dette publique augmente de manière inquiétante ? Point du tout.
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