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Avec le metteur en scène Joël Pommerat, les robots au secours d’une humanité détraquée

« Contes et Légendes », de et par Joël Pommerat, le 31 octobre 2019 à La Rochelle.

Les robots de Joël Pommerat sont bien vivants. Quatre ans après la création de Contes et légendes, le spectacle est repris au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, à Paris, qui est un peu devenu la maison de l’auteur et metteur en scène. Accueillant ses créations pour de longs mois, ce théâtre privé a ouvert Joël Pommerat sur un public beaucoup plus large, et celui-ci est devenu une star. A sa manière : résolument antistar.

Entre-temps, l’intelligence artificielle s’est de plus en plus insinuée dans nos vies, et la pièce n’a rien perdu de sa puissance de fascination, bien au contraire. Avec ce spectacle magistral, il retourne les spectateurs comme des crêpes, entre rire, émotion, trouble et malaise, auxquels on s’abandonne avec un plaisir fou.

Pour liquider d’emblée tout malentendu, on précisera que Contes et légendes n’est pourtant en rien un spectacle « sur » les robots. Certes, Joël Pommerat met en scène ici un monde légèrement futuriste, où des machines humanoïdes font désormais partie de la vie courante, notamment celle des enfants et des adolescents, auprès de qui ils suppléent des parents absents ou défaillants.

Mais c’est bien l’humanité dans l’état actuel de son évolution, si tant est que ce soit le mot, qu’il s’agit de sonder ici, avec ce théâtre au rasoir tant sur la langue – son travail sur le langage des jeunes d’aujourd’hui est extraordinaire – que sur les situations et la direction d’acteur. L’auteur a eu l’idée de ce spectacle alors qu’il menait des ateliers avec de jeunes actrices : elles jouent aussi bien les garçons, les filles que les robots, et elles sont époustouflantes de présence et d’intensité.

Où est passé l’amour ?

Ces robots incarnés par des êtres de chair et de sang ont été inspirés à Joël Pommerat par la série Real Humans (2012). Comme dans celle-ci, ils et elles offrent une apparence agréable, tout en tirant légèrement vers la figurine Playmobil. « T’es trop classe ! », dit d’ailleurs l’un des adolescents, à un moment, à l’assistant androïde de son ami.

Oui, les robots sont classe dans Contes et légendes, et pas seulement parce qu’ils sont bien peignés, gentils, doux et prévenants. Ils s’adonnent à des activités raffinées et méditatives, comme le dessin et la musique. On n’en dira pas autant de l’humanité. Telle qu’elle s’est programmée, elle fait sale figure : rongée par l’immémoriale domination masculine, en permanence sur le pied de la guerre de tous contre toutes et tous, et bramant une puissance et un courage d’autant plus brandis en étendard qu’ils ont été abandonnés dans les faits.

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