La cure de jouvence qui secoue les palais de la République – avec un président de 46 ans et un premier ministre de 34 ans – n’a guère éclaboussé les grandes entreprises. « L’âge moyen des patrons exécutifs du CAC 40 atteint 58,1 ans. Le benjamin est Aditya Mittal, directeur général d’ArcelorMittal, 48 ans, et l’aîné est Bernard Arnault, le PDG de LVMH, qui approche 75 ans », précise Olivia Flahault, cofondatrice d’OFG, un cabinet spécialisé dans l’analyse et l’évaluation de la gouvernance des sociétés cotées.
Le groupe de luxe se caractérise par la moyenne d’âge la plus élevée du CAC 40, à la fois dans son comité exécutif et son conseil d’administration (censeurs compris). Tandis que Vivendi présente le « board » le plus jeune, avec, autour de la table, notamment la nouvelle génération des Bolloré, dont Yannick, 43 ans, plus jeune président de l’indice phare.
Le rajeunissement des instances dirigeantes constitue l’un des enjeux importants des assemblées générales qui se tiendront dans les prochains mois. « Parmi les quarante-huit présidents et vice-présidents [du SBF 120, un indice boursier qui regroupe 120 grandes entreprises françaises] dont le mandat arrive à échéance en 2024, dix-neuf d’entre eux, soit 40 %, ont plus de 70 ans », pointe une étude, publiée vendredi 19 janvier, par OFG. Ainsi, quelques figures emblématiques des affaires n’ont pas encore fait savoir si elles souhaitaient ou non jouer les prolongations.
Statuts amendés pour contourner le limite d’âge
Dans les prochaines semaines, les résolutions publiées au Bulletin des annonces légales (BALO) devraient lever le voile sur les intentions du bâtisseur et président de Sopra Steria, Pierre Pasquier, 88 ans, dont le mandat arrive à échéance en 2024. Sauf à changer les statuts, il devra quitter la présidence du groupe familial en août 2024, à l’anniversaire de ses 89 ans, mais il peut encore rester administrateur.
De son côté, Daniel Julien, 71 ans, le PDG de Teleperformance, leader mondial des centres d’appels, avait fait monter en grade ces derniers mois l’Indien Bhupender Singh, directeur général délégué. Cela laissait présager une dissociation des fonctions, permettant au bras droit de prendre la direction générale, qui pourrait intervenir dès 2024 : à moins que le récent rachat du luxembourgeois Majorel ne donne au fondateur l’occasion de rempiler comme PDG, afin d’assurer l’intégration de ce concurrent.
Régulièrement, les grandes entreprises amendent leurs statuts pour conserver un dirigeant atteint par la limite d’âge. Chez Safran, si le directeur général, Philippe Petitcolin, avait un temps espéré refaire un tour de piste grâce à un tel changement, il avait dû abandonner le manche en janvier 2021 à Olivier Andriès. Cette modification des statuts finira bien par arriver, mais chez Alstom, lors de la prochaine assemblée générale, afin d’accueillir l’industriel de 71 ans comme président, appelé au secours par les grands actionnaires de l’équipementier ferroviaire.
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