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Cyprien Sarrazin, une ascension fulgurante au sommet du ski mondial

Cyprien Sarrazin, à Kitzbühel (Autriche), le 20 janvier 2024.

Dans l’histoire du ski alpin français, l’image fera date. Debout sur les boudins gonflables du bas de la piste de Kitzbühel (Autriche), Cyprien Sarrazin s’époumone devant 60 000 spectateurs admiratifs, samedi 20 janvier. Le Français n’a même pas pris la peine de retirer ses bâtons pour se lancer dans cette célébration extatique, qu’il avait imaginée la veille. « J’y avais pensé dans mon lit pendant la nuit. J’ai fait exactement ce que je voulais faire, monter et gueuler devant la foule », raconte-t-il au Monde, quelques heures après son succès.

La veille, déjà vainqueur de la descente sur la Streif – mythique piste autrichienne dont l’exigence martyrise les organismes de ceux qui osent la défier –, Sarrazin avait affiché une joie plus contenue, qui trahissait chez lui une forme de surprise. Premier Français à s’imposer à Kitzbühel depuis Luc Alphand, en 1997, le skieur du Dévoluy (Hautes-Alpes) s’est lâché après son doublé, obtenu avec près d’une seconde d’avance sur Marco Odermatt, leader incontesté du classement général de la Coupe du monde du ski alpin en 2024 et tête d’affiche du Cirque blanc depuis trois ans.

Cette performance propulse soudainement Sarrazin dans le gotha de son sport : ils ne sont que huit (dont Luc Alphand, en 1997) à avoir réussi une telle passe de deux à Kitzbühel et les noms des trois autres Français à avoir levé les bras – une fois – au pied de « La Mecque du ski » fleurent bon la success story (Adrien Duvillard, en 1960 ; Guy Périllat, en 1961 ; Jean-Claude Killy, en 1967)

« Je vis comme je skie et je skie comme je vis »

« Il était imbattable », a reconnu Odermatt, qui conserve encore six points d’avance sur Sarrazin au classement de la descente. « C’est l’un des plus grands moments de l’histoire du ski alpin français », affirmait de son côté Fabien Saguez, président de la Fédération française de ski. Depuis la fin du mois de décembre 2023 et sa première victoire à Bormio (Italie) en descente, Sarrazin est monté quatre fois sur le podium dans la discipline, a remporté un succès en super-G à Wengen (Suisse) et, surtout, basculé dans une autre dimension.

Cyprien Sarrazin lors de la remise des prix de la descente de Kitzbühel (Autriche), le 20 janvier 2024.

A 29 ans, le Français vit une éclosion tardive et fulgurante, après s’être reconverti dans les épreuves de vitesse lors de la saison 2022-2023. Dans sa vie d’avant, celle de spécialiste du slalom géant, dans l’ombre des meilleurs, Sarrazin enchaînait « les résultats en dents de scie », pas aidé par de graves blessures – traumatisme crânien, fracture du genou droit – qui l’ont éloigné des pistes pendant près de deux ans. « A un moment, avec mes entraîneurs, on s’est dit que je galérais en géant et que je devais aller voir autre chose pour m’aérer le cerveau », se remémore le skieur.

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