A l’annonce de la nomination de Rachida Dati au ministère de la culture, Carine Rolland a cru tomber de sa chaise. « Je ne l’ai jamais vue dans un vernissage ou au théâtre », s’étonne l’adjointe à la culture de la Mairie de Paris. Mais lorsque, à peine nommée, la ministre annonce, mercredi 17 janvier sur RTL, sa candidature à la Mairie de Paris en 2026, l’élue socialiste est sidérée.
L’ex-cheffe de file du parti Les Républicains (LR) n’a certes jamais fait mystère de ses ambitions. Et son arrivée Rue de Valois s’est accompagnée de rumeurs sur un accord avec Emmanuel Macron pour prendre la tête d’une liste de coalition aux prochaines municipales. « Mais que sa première annonce en tant que ministre soit sa candidature à la mairie, je ne m’y attendais pas, murmure Carine Rolland. Vous l’avez écoutée ? Elle a parlé d’elle, de Paris, mais pas de culture et encore moins de création. »
Hasard ou ironie, le prochain Conseil de Paris commence ses délibérations, le 6 février, précisément sur des sujets « culture, patrimoine et mémoire ». Des dossiers qui absorbent quelque 432 millions d’euros du budget de la Ville et dont Rachida Dati ne s’est jamais emparée. Sauf, très épisodiquement, pour dénoncer les dérives budgétaires du Théâtre du Châtelet ou s’opposer au principe du tirage au sort instauré dans les conservatoires, qui croulent sous les demandes. « La réalité, reconnaît Carine Rolland, c’est que son groupe vote la grande majorité des délibérations en matière de culture. »
Droit de veto
Nombreux sont pourtant les élus à redouter les passes d’armes sur le sujet entre Rachida Dati, jamais avare d’une banderille, et Anne Hidalgo, qui, dans un entretien le 14 janvier à La Tribune Dimanche, avait ouvert les hostilités en déclarant avec condescendance que sa rivale incarnait une « trumpisation de la culture ».
« On n’a aucun problème avec Rachida Dati ministre de la culture tant qu’elle fait son travail de ministre de la culture », nuance aujourd’hui le cabinet de la maire de Paris. Même souhait d’apaisement dans l’entourage de Rachida Dati, qui invoque la continuité de l’Etat : « Le rôle patrimonial de l’Etat, dont la ministre de la culture est garante, s’inscrit dans un cadre précis, avec des règles qui ne changent pas avec les ministres. »
Prudence aussi du côté d’Aurélien Véron, porte-parole du groupe d’opposition de droite Changer Paris. « Rachida n’ira pas au clash systématique, mais elle le fera quand ça lui sera possible. » Un avertissement qui n’a rien de rhétorique.
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