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Face à la colère des agriculteurs, la récupération du RN contre l’Union européenne

Le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, s’adresse à des agriculteurs réunis dans une exploitation bovine, en compagnie du député (RN) de Gironde Grégoire de Fournas, à Queyrac (Gironde), le 20 janvier 2024.

Le gouvernement, réticent à « mettre ses bottes » pour rencontrer des agriculteurs, selon Jordan Bardella, méritait une bonne « leçon d’humilité ». Le président du Rassemblement national (RN) a donc enfilé les siennes, toutes neuves, pendant deux heures, samedi 20 janvier, pour son premier déplacement de 2024.

Le temps d’une opération de communication menée l’œil sur la montre pour ne pas manquer le train de retour à Paris : un duplex au « 13 heures » de TF1, des entretiens rediffusés toute la journée sur les chaînes d’information en continu, et une rapide visite dans l’exploitation d’un éleveur bovin choisi par le député RN local, Grégoire de Fournas, devenu proche de l’hôte depuis leur rencontre lors d’une manifestation de « gilets jaunes ».

Après un bref passage toujours photogénique devant les bêtes, la tête de liste du RN aux élections européennes du 9 juin a mené une « table ronde » avec des agriculteurs eux aussi invités par l’élu du Médoc, lui-même viticulteur. Un semblant de débat, en terre conquise : l’eurodéputé a pu librement dépeindre son parti comme unique rempart face à une « Union européenne [qui] veut tuer l’agriculture française ».

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A l’instar de ses alliés néerlandais – le Parti pour la liberté (PVV) – et allemand – Alternative pour l’Allemagne (AfD) –, le mouvement de Marine Le Pen se rêve en porte-voix d’une colère paysanne qui se propage depuis plusieurs mois sur le continent. Des mouvements nationaux aux motifs propres (limitations des rejets d’azote, hausses des taxes sur le gazole non routier, réduction de l’usage des pesticides…) qui essaiment à l’approche des élections européennes, les institutions communautaires étant partout désignées comme responsables des difficultés agricoles. En France, l’extrême droite a des griefs contre une « inflation » jugée intenable, des contraintes phytosanitaires et la concurrence déloyale d’étrangers qui n’y seraient pas soumis.

Instaurer une « exception “agriculturelle” »

« Nous sommes des lanceurs d’alerte qui permettent aux Francais de savoir réellement ce qui se trame au sein de la Commission européenne », attaque Jordan Bardella. Conclusion d’accords de libre-échange sans contraintes sanitaires pour le pays tiers, réduction de 20 % à 30 % des rendements des terres françaises imposée par Bruxelles, le président du parti d’extrême droite multiplie les fausses informations pour mieux tancer une UE « ennemie des peuples », donc de ses nourriciers, grande ordonnatrice de la « décroissance civilisationnelle, agricole et industrielle ».

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