Au cœur d’accusations de « dérives », selon un rapport de 2023 de l’inspection générale de l’éducation nationale, l’établissement privé parisien Stanislas a également, selon le même document, organisé un système de « contournement » de la procédure d’orientation Parcoursup pour certains de ses élèves. Le site d’information Mediapart révèle, samedi 20 janvier, que l’un des fils d’Amélie Oudéa-Castéra en a bénéficié.
Selon le rapport d’enquête, publié par Mediapart, mardi, les élèves de terminale de Stanislas sont « incités », au moment de faire leurs vœux d’orientation, à ne formuler qu’un seul choix d’établissement – celui dont ils sont issus – « en échange de la garantie d’[y] être admis » dans une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE).
Cette pratique est « contraire aux principes et aux règles de la procédure Parcoursup », rappelaient les enquêteurs. « Evitez absolument de ne formuler qu’un seul vœu » incite ainsi le site de Parcoursup, qui note qu’« en moyenne les candidats ont formulé près de 13 vœux et sous-vœux en 2023 ».
Principe de « non-discrimination »
Le rapport relève que la pratique est « très isolée » parmi les lycées ayant des CPGE : « En 2023, sur plus de 600 000 lycéens ayant formulé des vœux dans Parcoursup, il y a seulement 41 candidats qui n’ont fait qu’un seul vœu » pour une CPGE dans l’établissement où ils sont en terminale, dont « 38 sont des élèves de Stanislas ». Le fils aîné de la ministre de l’éducation nationale figure parmi ces 38 élèves, révèle Mediapart.
« Comme d’autres familles, sa famille a suivi la procédure prévue par Stanislas et chacune des étapes prévues par Parcoursup », justifie l’entourage d’Amélie Oudéa-Castéra auprès de Mediapart. « A l’issue du conseil de classe du 2e trimestre, [le jeune homme] a reçu un avis favorable de Stanislas, au vu de ses résultats scolaires, quant à son souhait d’entrer en classe préparatoire, précise la même source. Préférant comme beaucoup d’élèves partout en France rester dans son établissement d’origine, il a fait le choix de rentrer ce seul vœu dans la phase de confirmation des vœux définitifs sur Parcoursup. »
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Le ministère de l’enseignement supérieur a fait savoir dimanche à l’Agence France-Presse qu’à l’issue de ses investigations l’inspection générale « a adressé en août un courrier faisant état de ce contournement ». Un courrier a été adressé le 17 janvier à Stanislas « pour lui rappeler ses engagements » à respecter la charte de Parcoursup, notamment en ce qui concerne le « respect des principes de “Liberté d’expression des vœux émis et de choix des propositions d’admission” et de “non-discrimination, d’égalité de traitement, d’équité et de transparence” », précise le ministère.
« Il a été demandé au chef d’établissement de confirmer que toutes les dispositions sont prises en ce sens au sein de son établissement pour la session 2024 qui s’ouvre », a poursuivi le ministère, qui ajoute qu’il « appréciera les actions à conduire en regard des réponses du chef d’établissement ».
Le directeur de Stanislas, Frédéric Gautier, a affirmé dimanche sur BFM-TV que « personne n’est lésé ». Les élèves de Stanislas décident « eux-mêmes » du choix qu’ils font, et « il y a largement de la place pour tous les autres élèves qui veulent postuler, donc il n’y a pas de délit d’initié », a-t-il poursuivi. « S’il faut faire autrement, nous ferons autrement, mais nous n’avons pas le sentiment de léser les élèves qui viennent de l’extérieur ni de tromper nos propres élèves », a-t-il insisté.