« On a été les premiers surpris », s’amuse Patrick Chenu, le directeur général des Maisons des jeunes et de la culture (MJC) de France, à propos de l’interview – la première – de Rachida Dati accordée au Parisien le 14 janvier. « Il faut relancer les conservatoires municipaux accessibles à tous, le théâtre pour les jeunes et tous les réseaux dont j’ai moi-même bénéficié comme les maisons des jeunes et de la culture ! », y déclarait la ministre. Elle, c’était à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), au pied de sa cité, les Prés Saint-Jean, dont elle aime raconter son extraction populaire, comme un gage de son mérite républicain d’être désormais la maire du 7e, l’arrondissement le plus bourgeois de Paris, et du bien-fondé de sa nomination à la culture.
Pour les MJC, c’est une aubaine. Stars des « trente glorieuses », ces quelque 1 000 associations d’éducation populaire (trois préceptes : enseigner, diffuser, pratiquer… ) regroupant 17 500 salariés, 43 000 bénévoles, 400 000 adhérents et 4 millions d’adeptes sont en effet depuis lors tombées en disgrâce, stigmatisées par une étiquette « “sociocu” peu valorisante et qui nous colle à la peau », grimace Patrick Chenu, qu’on retrouve vendredi 19 janvier de retour du ministère où il a été appelé par Noël Corbin, le délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle. Ça n’a pas traîné…
C’est qu’une MJC sur deux est en milieu rural, une sur cinq en quartier prioritaire. On y trouve tout le spectre social, et tous les âges. La moitié de leurs adeptes ont plus de 26 ans. « Une MJC c’est un lieu où on fabrique une politique publique sur un territoire », plaide Patrick Chenu, qui pointe leur importance « dans les villes de 5 000 à 10 000 habitants. Faire le tour des MJC c’est faire le tour des sous-préfectures, la diagonale du vide ». Au milieu des années 1990, objecteur de conscience, il avait effectué son service à la MJC de Villebon-sur-Yvette (Essonne). « Le premier soir, raconte-t-il, il y a un concert de free-jazz, avec Archie Shepp. Je demande au directeur : “Explique-moi, je n’y comprends rien…” Sans être pauvre, ma famille ne baignait pas dans la culture. Je venais de changer d’univers. » Il y est resté.
60 % d’autofinancement
Qu’elles s’appellent « maison de quartier », « maison pour tous », « centre d’animation », « foyer des jeunes », ce qui définit ces structures, c’est la gouvernance, l’autonomie, et que le pouvoir y soit réparti entre les adhérents, la collectivité territoriale et la fédération. En moyenne 60 % d’autofinancement, 40 % de subventions publiques, principalement communales. La subvention se révélant d’autant plus importante que le quartier est pauvre. Avec le risque, à chaque élection, de voir la nouvelle équipe municipale avoir du mal à comprendre qu’elle n’a pas la main sur ce qu’elle finance en grande partie.
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