Chacun son originalité. Tandis que les primaires républicaines sont écrasées par Donald Trump, les démocrates, eux, s’apprêtent à vivre une vraie-fausse ouverture de la course à l’investiture dans le New Hampshire. Organisée le même jour que celle des républicains, mardi 23 janvier, la primaire démocrate présente une curiosité : Joe Biden n’y figure pas. Aucun délégué n’est en jeu dans la perspective de la convention d’août à Chicago, qui investira le candidat du parti. Le Comité national démocrate (DNC) ne reconnaît pas le scrutin et sanctionne ainsi le New Hampshire, qui a refusé d’accepter sa relégation dans l’ordre protocolaire des Etats, ce qui aurait exigé la révision d’une loi locale de 1975.
Joe Biden et le DNC ont décidé en effet que la Caroline du Sud, plus diverse, ouvrirait la séquence. C’est aussi l’Etat où le président avait triomphé lors des primaires de son parti, fin février 2020, et relancé sa campagne. Le président ne figure donc pas sur la liste des candidats pour le 23 janvier. Mais ses alliés et partisans, pressentant le piège, se sont lancés à l’automne dans une vaste opération pour que les démocrates se rendent bien aux urnes et inscrivent le nom « Joe Biden » à la main, ce que la loi autorise. « Il s’agit d’une initiative venue de la base, commencée par des conversations entre amis et voisins, explique Angela Brennan, élue démocrate à la Chambre des représentants du New Hampshire. Près de 250 volontaires se trouveront mardi devant les bureaux de vote pour informer et orienter les électeurs. On ressent de l’enthousiasme et on construit dessus. »
Il s’agit d’une campagne officieuse, informelle, que l’équipe Biden-Harris ne revendique pas : il convient d’éviter tout risque d’humiliation si le score du président se révélait décevant face aux autres prétendants, pourtant de second rang. Les principaux sont Dean Phillips, 55 ans, élu centriste du Minnesota à la Chambre des représentants, et l’autrice et militante Marianne Williamson, 71 ans, qui se présente comme un leader spirituel, d’orientation progressiste. Depuis l’annonce de sa candidature fin octobre 2023, Dean Phillips s’est beaucoup plaint du peu de considération des grands médias américains, notamment télévisés. Sur le plan politique, rien ne le distingue du président démocrate, comme le montrent ses votes au Congrès, toujours loyaux.
Fragilité physique
Son principal argument tient en une ligne : Joe Biden n’est plus en mesure de faire campagne, d’en subir les sollicitations et les exigences. Dans une vidéo destinée à railler l’absence du président dans le New Hampshire, son concurrent l’a comparé à l’introuvable Bigfoot, bipède poilu, mi-singe, mi-homme, une figure du folklore américain. « La raison pour laquelle je fais tout cela, s’est justifié Dean Phillips le 19 janvier à l’antenne de NBC au sujet de sa candidature, est que Joe Biden ne peut pas gagner cette élection à venir. Il était le seul à pouvoir gagner en 2020. Il est probablement le seul à pouvoir perdre en 2024. »
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