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Agriculteurs en colère : Gabriel Attal veut contenir l’embrasement, sans se précipiter

Lors d’une séance de questions au gouvernement, le premier ministre, Gabriel Attal, tourné en direction du ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, à l’Assemblée nationale, le 23 janvier 2024.

Et voilà Gabriel Attal plongé dans l’« enfer de Matignon », réceptacle de tous les problèmes du pays. Mardi 23 janvier, après un marathon de rencontres avec les syndicats agricoles, le premier ministre, nommé Rue de Varenne le 9 janvier, s’efforçait de contenir l’embrasement de la colère paysanne.

L’élu des Hauts-de-Seine, « rat des villes », comme le décrit l’ancien ministre de l’agriculture Dominique Bussereau, s’emploie depuis samedi à témoigner son empathie envers la France rurale et les agriculteurs, qui se disent mal-aimés, sous-rémunérés et écrasés par les contraintes administratives et environnementales.

La mort, à l’aube mardi, d’une jeune agricultrice percutée par une voiture alors que sa famille et elle campaient sur un barrage routier sur la RN 20, dans l’Ariège, a contribué à enflammer le mouvement. Dans la soirée, le procureur de la République de Foix a annoncé que la fille de la défunte, une adolescente de 12 ans, avait succombé à ses blessures. A l’origine du drame, une voiture dont le conducteur a ignoré, pour une raison encore inconnue, les signalisations interdisant l’accès de la route nationale.

« C’est une profession qui est en deuil, et c’est toute notre ruralité qui pleure une famille. Ce drame résonne en chacune et chacun d’entre nous, et c’est tout un pays qui est touché », a réagi Gabriel Attal lors de la session de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, saluant cette « France qui se lève aux aurores ». Arrivé sur les lieux du drame, à Pamiers (Ariège), dans la soirée, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a fait part à son tour de « l’émotion du gouvernement ».

« Il faut que ça change »

Partie d’Occitanie le mardi 16 janvier, la colère se répand sur le reste du territoire comme une traînée de poudre. Les blocages et opérations escargots touchaient, mardi, le Pas-de-Calais, le Cantal, la Drôme, le Puy-de-Dôme, l’Eure… Mercredi, sur France 2, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, a annoncé que les agriculteurs allaient mener des actions dans 85 départements d’ici vendredi. Les pêcheurs pourraient agréger ici et là leur exaspération. A Rennes, notamment, ils doivent manifester avec les agriculteurs jeudi 25 janvier.

De Matignon, Gabriel Attal observe le mouvement grossir, « lucide », selon ses mots, sur l’instrumentalisation politique du phénomène par ceux qui « butinent de colère en colère en donnant le sentiment qu’on pourrait sortir de l’Union européenne [UE] ». Une allusion à l’extrême droite et au président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, qui s’est placé au chevet des agriculteurs ces derniers jours, se délectant de voir que l’Europe, ses « normes » et les contraintes contenues dans le Pacte vert sont dans le viseur d’une partie d’entre eux. « L’UE veut la mort de notre agriculture ! », a lancé M. Bardella, mardi, lors d’un déplacement à Lorient (Morbihan).

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