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La justice va ouvrir une enquête sur un abattoir de Mayenne après une plainte de L214

La justice va se pencher sur les conditions de mise à mort des animaux dans l’abattoir municipal de Craon (Mayenne) après la diffusion par l’association L214 d’images « impressionnantes », de l’aveu même du ministère de l’Agriculture. L’affaire relance le débat sur le contrôle vidéo obligatoire dans les abattoirs pour améliorer le bien-être animal.

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Nouvelle affaire de maltraitance animale dans les abattoirs français. Le parquet de Laval a annoncé jeudi 18 janvier l’ouverture prochaine d’une « enquête judiciaire qui sera confiée à la gendarmerie », après la plainte déposée mercredi par L214 au sujet de l’abattoir de Craon, en Mayenne, a déclaré la procureure de la République, Anne-Lyse Jarthon.

La plainte de L214, qui milite à terme pour l’arrêt de l’élevage et de la consommation de viande, vise notamment des « actes de cruauté, sévices graves et mauvais traitements », selon l’association. « Les images tournées en fin d’année dernière montrent des animaux encore conscients après l’étourdissement : des veaux, vaches, bœufs, moutons relèvent la tête et se débattent avant et après l’égorgement », indique L214 dans un communiqué, vidéo à l’appui.

« Des vaches réagissent aux coups de couteau et à la pince guillotine lors de la découpe de leurs pattes avant, de leurs cornes ou de leur tête. Pourtant, à ce stade de la chaîne d’abattage, les animaux devraient être morts », selon L214.

L’association dénonce des « problèmes structurels » dans cet abattoir, qui abat selon elle chaque année 4 500 animaux, et « l’absence d’intervention des services vétérinaires ».

Sébastien Arsac, co-fondateur de l’association, a indiqué jeudi que L214 allait en outre déposer « un recours contre l’État pour manquement à ses missions de contrôle vétérinaire », devant la justice administrative.

« Les quatre abattoirs d’animaux de boucherie que compte la Mayenne, parmi lesquels le site de Craon, font l’objet d’une inspection permanente par les services vétérinaires de l’État », a réagi la préfecture dans un communiqué.

« Les services de l’État ont adressé le 21 avril 2023 à l’exploitant de cet abattoir une mise en demeure sur les conditions d’immobilisation des animaux avant leur étourdissement », mise en demeure levée « le 12 juillet suivant au regard des actions correctives déjà engagées », a fait savoir la préfecture.

266 000 euros de subventions en 2021

Fin décembre 2023, « un nouvel équipement de contention plus adapté à toutes les tailles de bovins a notamment été mis en service », poursuit la préfecture, pour qui les installations filmées par L214 « ne sont donc pas celles actuellement en service au sein de l’abattoir de Craon ».

« La vidéo montre très manifestement des non-conformités. Par exemple, l’opérateur commence à travailler le cuir de l’animal alors même que celui-ci n’est pas mort mais seulement inconscient », indique à l’AFP le ministère de l’Agriculture, tout en relevant que ces images « impressionnantes » ne « traduisent pas toujours pour autant un état de conscience ou de souffrance de l’animal ».

Le cabinet du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau rappelle que le plan abattoirs lancé en 2021 a « renforcé les contrôles », « créé une brigade d’intervention nationale » et « mis sur la table 115 millions d’euros pour accompagner les abattoirs dans leur modernisation ».

C’est dans le cadre de ce plan, financé par France Relance, que l’abattoir municipal de Craon avait été retenu pour recevoir une subvention de 266 000 euros en 2021. L’un des objectifs de cette aide, à mettre en œuvre dans un délai de trois ans, était précisément « l’amélioration de la protection des animaux ».

La ville de Craon indique de son côté que « de lourds investissements ont été réalisés dans son abattoir » et « réfute » les accusations de L214 contre qui « Bertrand de Guébriant, maire de Craon, se réserve le droit de porter plainte », selon un communiqué.

Le ministère de l’Agriculture a dit souhaiter que soit « débattu en 2024 au sein du comité national d’éthique des abattoirs » le sujet de la généralisation du contrôle vidéo et sa « pertinence pour juguler ce genre de situations ».

Au sein de l’Union européenne, l’Espagne se targue d’être le premier pays à avoir rendu, mi-2022, obligatoire la vidéosurveillance dans les abattoirs.

Avec AFP

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