Mardi 23 janvier, Christophe Béchu sort de l’amphithéâtre Verniquet du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Entouré de 350 invités, il vient d’y rappeler « l’urgence à agir » pour adapter la France au réchauffement climatique, mais les micros attendent une autre réponse : comment concilier l’actuelle colère des agriculteurs et ce défi nécessitant des évolutions majeures dans les réglementations et les législations ? Le ministre de la transition écologique renvoie d’abord vers son homologue du ministère de l’agriculture, Marc Fesneau, mais ne se dérobe pas.
« Les agriculteurs sont en première ligne du changement climatique. Ils en sont les premières victimes à cause du manque d’eau qui a des impacts sur les cultures, à cause de la hausse des températures qui a des impacts sur le vivant sur lequel ils travaillent, déclare-t-il, avant de tenter de lier ces crises. L’écologie n’est pas contre la souveraineté alimentaire ; elle considère que l’on doit être capable de trouver le chemin durable pour faire avec moins de ressources et moins d’importations. Nous sommes au croisement de plusieurs enjeux. »
Alors que les actions du monde paysan embrasent de nombreux pays européens, M. Béchu maintient son agenda. Mardi 23 janvier, il a ouvert l’acte final de l’élaboration du troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Ce grand texte structuré en une cinquantaine de points, enchevêtrement de mesures législatives, d’ordonnances et de décrets, est censé préparer la France à un réchauffement de + 4 °C à la fin du siècle, selon l’hypothèse de travail retenue par M. Béchu en 2023. Une trajectoire conforme aux scénarios des scientifiques en l’état actuel des politiques d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
Parent pauvre des politiques écologiques
« Ce que nous avons devant nous n’est pas une éventualité, c’est une certitude. Il y a une rationalité absolue à agir », a conclu le ministre, en insistant sur le « coût de l’inaction » et en critiquant les « gens qui expliquent qu’il faut qu’on arrête d’emmerder les Français ». Une attaque contre ses opposants de droite très sévères sur le zéro artificialisation net qui prend une tonalité particulière, alors que le président de la République avait lui-même évoqué une « pause réglementaire » en mai 2023 et que son gouvernement prépare une grande loi de simplification pour calmer les récriminations des agriculteurs.
Malgré ce télescopage entre la crise très urgente du monde agricole et le temps long de l’adaptation, le cabinet de M. Béchu promet que le PNACC ne sera pas affaibli. Gestion de l’eau, forêts, développement économique, inondations, traits de côtes, îlots de fraîcheur dans les zones urbaines… Le ministère de la transition écologique ne veut mettre aucun sujet de côté, seule façon de « protéger les Français et d’éviter la maladaptation », par exemple l’installation d’une digue nuisible à la biodiversité dans une zone condamnée dans les décennies à venir. La copie du ministère sera soumise à des arbitrages à Matignon fin février avant d’être proposée à la consultation pendant plusieurs semaines. Le PNACC devrait ensuite être dévoilé à l’été.
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