Il y a des airs de panique à Zhongnanhai, le siège du pouvoir à Pékin. Face à une nouvelle dégringolade des places boursières chinoises, le premier ministre, Li Qiang, a réuni en urgence le Conseil des affaires de l’Etat (le gouvernement) lundi 22 janvier, et a appelé à des « mesures vigoureuses ». D’après l’agence Bloomberg, la réunion aurait accouché d’un projet de fonds d’urgence doté de 2 000 milliards de yuans (près de 257 milliards d’euros) pour soutenir les actions chinoises. L’argent serait pompé dans les réserves étrangères des entreprises d’Etat. Le projet, pas encore confirmé, paraît désespéré : il coûterait cher à Pékin, sans garantie de succès. En 2015, un fonds similaire avait été mis sur pied après l’éclatement d’une bulle spéculative, mais n’avait pas permis d’éviter une longue correction.
Mercredi 24 janvier, la banque centrale chinoise a également annoncé une baisse des réserves obligatoires des banques, pour libérer des liquidités. Depuis le début de l’année, la Bourse de Shanghai a reculé de 7 %, cédant à Tokyo la place de première Bourse asiatique, tandis que celle de Hongkong a perdu 12 % et est passée derrière la Bourse de Bombay, en Inde, alimentant les commentaires ironiques sur les réseaux sociaux.
Les raisons de la dégringolade sont connues : depuis la réouverture de la Chine après la fin de la stratégie zéro Covid, fin 2022, la reprise espérée n’a jamais eu lieu. Les exportations baissent, la consommation stagne au point que le pays est en déflation, tandis que la crise immobilière qui dure depuis deux ans entame à la fois la confiance des ménages, celle des investisseurs, et les coffres des gouvernements locaux. En 2023, la croissance a officiellement atteint 5,2 %, soit l’un de ses pires résultats depuis plus de trente ans.
« Manque de confiance »
Plus que les performances de l’économie, c’est l’absence de réaction convaincante des autorités qui alimente la défiance des investisseurs. Malgré des mesures prises en faveur du secteur immobilier, les ventes d’appartements neufs ont chuté de 34 % en 2023. Et, quand il a annoncé une croissance à 5,2 %, lors du Forum économique mondial de Davos (Suisse), le 16 janvier, le premier ministre, Li Qiang, s’est félicité d’avoir atteint ce niveau « en évitant un stimulus majeur ». De quoi doucher les espoirs des investisseurs qui attendaient encore un soutien fort à l’activité en 2024. « Je pense que les gens sont un peu déconcertés par le fait que, politiquement, le gouvernement ne semble pas savoir quoi faire, ou n’est pas prêt à adopter les solutions qui pourraient fonctionner », analyse George Magnus, économiste indépendant, spécialiste du pays.
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