A l’Institut médico-éducatif (IME) Le Tremplin, à Bobigny, qui accueille en journée des jeunes handicapés présentant des déficiences intellectuelles, les Jeux olympiques et paralympiques démarreront avec plus d’un mois d’avance. Le 23 juin, une quinzaine de pensionnaires de l’établissement participeront à un défilé organisé dans le cadre d’une journée de célébrations marquant le début de l’été olympique en Seine-Saint-Denis.
La parade, baptisée « On ne va pas se défiler ! », se déroulera entre Aubervilliers et Pantin. Les jeunes de l’IME y présenteront une chorégraphie qu’ils ont commencé à travailler depuis septembre 2023 sous la conduite du danseur Thierry Thieû Niang, à raison d’un ou deux ateliers par mois. « Durant les premiers ateliers, les jeunes n’arrivaient pas à se représenter et à s’affirmer en dansant, raconte Thierry Schaub, éducateur sportif au Tremplin. Maintenant, ils se laissent de plus en plus aller à la créativité, il y a une vraie cohésion de groupe. »
Ce projet a été rendu possible par un partenariat avec la Maison de la culture de Seine-Saint-Denis (MC93). « Quand nous avons rencontré la MC93, nous nous sommes rendu compte que les personnes en situation de handicap n’étaient pas suffisamment représentées lors de cette journée », raconte Matthieu Clauzade, le directeur adjoint de l’IME. D’où l’idée d’y associer les jeunes du Tremplin.
Les apprentis danseurs effectueront certains entraînements en public afin de se familiariser avec la présence de personnes extérieures. Leurs parents seront également conviés à quelques ateliers. Les jeunes seront enfin associés à la construction de chars qui participeront à la grande parade du 23 juin, lui donnant un petit air de carnaval.
« Les Jeux olympiques et paralympiques permettent de sensibiliser un peu plus au sport, et je crois que c’est un bon vecteur d’inclusion », s’enthousiasme Matthieu Clauzade. Au Tremplin, le sport a toujours été en bonne place, avec la présence de deux éducateurs sportifs. Les activités physiques contribuent également à atteindre l’un des objectifs de l’établissement : « Amener le plus d’autonomie possible chez les jeunes ».
Développer les apprentissages
Plusieurs jeunes du centre devraient également participer, en juin, à un séjour sportif, en compagnie d’autres pensionnaires des établissements gérés par l’association Vivre et devenir, dont dépend Le Tremplin. De l’autre côté du département, l’IME de Villepinte, géré par la même association, accueille des jeunes porteurs d’un trouble sévère du spectre de l’autisme. Lui aussi se sert du sport dans le but de développer les apprentissages et de favoriser le développement moteur de ses pensionnaires.
Là encore, l’approche des Jeux olympiques et paralympiques (qui auront lieu respectivement du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre) a favorisé l’émergence de nouveaux projets. Une délégation de l’IME participera ainsi l’été prochain à un séjour de pleine nature aux côtés de jeunes de Seine-Saint-Denis en difficulté accompagnés par l’association Apart. L’objectif sera de réaliser une ascension dans une région restant à déterminer. « Cela permet de créer du lien et de sensibiliser les jeunes – porteurs de handicap ou non – à l’inclusion », explique Laura Lassauce, éducatrice sportive à l’IME.
« Les Jeux nous ont ouverts pas mal de portes : le département, des clubs et d’autres structures ou organisations sont plus ouverts à nous inclure dans leurs projets, poursuit la jeune femme. J’espère que cela va continuer et que les personnes porteuses de handicap bénéficieront toujours de la même inclusion après les Jeux. »
Laura Lassauce ne cache pas que trouver des partenaires pour monter des projets avec des jeunes porteurs de troubles de spectre de l’autisme est particulièrement difficile. Elle espère que les partenariats amorcés grâce l’élan olympique se poursuivront une fois la flamme éteinte, mais surtout que le regard porté sur les jeunes autistes aura commencé à évoluer. Ce serait pour elle le plus bel héritage des Jeux.