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Un campement de chasse du paléolithique découvert en Bourgogne-Franche-Comté

Fouille en cours du niveau solutréen, à Fragnes-La Loyère (Saône-et-Loire), en octobre 2023.

Lorsque l’on pense « fouilles archéologiques », on imagine difficilement un site au bord d’une autoroute, coincé entre un parking et quelques entrepôts. Pourtant, c’est dans ce décor atypique qu’une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a planté sa tente à l’automne 2023, à Fragnes-La Loyère, à quelques kilomètres au nord de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).

A seulement 40 centimètres de profondeur, les archéologues ont retrouvé les restes d’un camp de chasse du solutréen ancien, conservés depuis près de vingt-cinq mille ans. « Ce site, c’est vraiment un miraculé », lance en souriant Jean-Baptiste Lajoux, responsable scientifique du projet. Lors d’un diagnostic du terrain, peu avant l’aménagement d’un échangeur autoroutier sur l’A6, un heureux coup de pelleteuse a révélé le site. « Deux mètres plus loin et l’on passait à côté », ajoute le chercheur.

Une fouille minutieuse a permis de déterrer 4 300 objets, dont la taille peut aller de quelques millimètres à plus de 20 centimètres. Il s’agit principalement de morceaux de silex, concentrés dans un petit espace délimité par des galets. Les archéologues l’ont identifié comme une zone de taille, où des chasseurs du solutréen, une période du paléolithique qui doit son nom au site de Solutré (Saône-et-Loire), ont transformé des blocs monolithiques en de fines lames de silex.

Premier site solutréen en plein air

Ces milliers de fragments ont probablement été produits en quelques jours seulement et par un petit groupe – trois ou quatre personnes –, estime Jean-Baptiste Lajoux. « Un tailleur de silex, c’est comme un menuisier qui attaque un bout de bois. Il va d’abord enlever plein d’éclats pour lui donner une forme qui convient, de façon à pouvoir débiter des lames en série. Donc, ça va générer plein de déchets, explique-t-il. « Ce qui montre le bon état de conservation du site, c’est la présence d’amas de débitage, donc de petits tas de silex, qui sont restés tels quels depuis plus de vingt mille ans. »

Nucléus à lames, à Fragnes-La Loyère, en octobre 2023.
Pointe à face plane, à Fragnes-La Loyère, en octobre 2023.

Au milieu de ces « déchets » de silex, les archéologues ont aussi retrouvé des lames en bonne et due forme ainsi que des pierres tendres ayant servi à les tailler. Une véritable aubaine pour la recherche. « On va pouvoir reconstituer le puzzle, remonter les lames sur les blocs pour étudier en détail les gestes de ces tailleurs », souligne Jean-Baptiste Lajoux. Cette période du solutréen ancien est, en effet, relativement peu documentée : moins d’une dizaine de sites ont été découverts à ce jour en France et celui-ci est le premier en plein air.

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