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Alain Delon dans « Le Monde », le talent, les déchirures familiales et les opinions politiques

Le 11 janvier 2024, la justice a mandaté un médecin pour évaluer l’état de santé d’Alain Delon, 88 ans et très affaibli par un AVC survenu en 2019. Depuis le début de l’année, à coups d’interventions médiatiques et judiciaires, Anouchka (33 ans), Anthony (59 ans) et Alain-Fabien (29 ans), les trois enfants de l’acteur se déchirent autour de ­l’héritage paternel, évalué à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Loin de ce terne dénouement, les premières mentions du comédien dans Le Monde ­suggèrent une carrière très vite ­promise à la légende : le 14 mai 1958, le journaliste Michel Legris publie une critique de Sois belle et tais-toi, de Marc Allégret, dans laquelle il affirme que « le jeune Alain Delon confirme ses ­qualités ». Pour le critique de cinéma Jean de Baroncelli, le 1ᵉʳ juin 1959, le comédien montre aussi « une évidente personnalité » au fil de ses premiers rôles, à la fin des années 1950 et au début des années 1960. A la sortie des chefs-d’œuvre Plein soleil, de René Clément (1960), Rocco et ses frères, de Luchino Visconti (1960), ou Le Samouraï, de Jean-Pierre Melville (1967), chaque chronique vante les talents de la jeune star du cinéma français.

Mais, à partir du 15 octobre 1968, les éloges cinématographiques s’entremêlent à une enquête pour meurtre. Deux semaines plus tôt, Stevan Markovitch, garde du corps du couple formé par Alain et Nathalie Delon, a été retrouvé mort, ligoté et bâillonné, dans une décharge des Yvelines. Le journal suit l’affaire dans ses moindres détails : les nombreuses auditions de l’acteur, placé en garde à vue en janvier 1969, sa présentation face au juge d’instruction et cette lettre adressée au président de la République, le 27 avril 1970, dans laquelle Alain Delon dénonce « une machination policière ourdie contre lui ».

« Sympathie » pour Jean-Marie Le Pen

Le cinéma semble passer progressivement au second plan. L’idole déroute, au milieu des années 1980, notamment à cause de ses prises de position politiques. En novembre 1984, Daniel Schneidermann profite du permis de séjour suisse octroyé à ­l’acteur, qui a installé le siège de sa société à Genève, pour détailler ses idées : « Alain Delon n’aime pas la gauche, il n’en a jamais fait mystère. Il ne dissimule pas non plus sa sympathie pour M. Jean-Marie Le Pen, un “homme sincère” », écrit le journaliste.

Un an plus tard, dans un portrait d’Anita Rind, titré « Delon le magnifique ? », la question de son orientation politique intrigue encore. Sa « sympathie » pour le leader du Front national, son soutien en faveur de Raymond Barre et son « admiration » pour l’homme d’affaires Bernard Tapie, qui deviendra ministre quelques années plus tard. Dans cet article, où l’on apprend aussi que le comédien parle de lui à la troisième personne, une phrase décrit sa plus grande crainte : « devenir grabataire dans ses vieux jours ».

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