Une botte de paille pour pupitre, et un hangar de ferme en lieu et place d’un salon de Matignon. C’est dans ce décor que le fraîchement nommé premier ministre, Gabriel Attal, a fait le choix de s’adresser aux agriculteurs, vendredi 26 janvier.
La localisation, Montastruc-de-Salies, un petit village de Haute-Garonne, n’était pas non plus le fait du hasard. C’est dans cette région toulousaine qu’ils ont commencé à manifester leur colère il y a près de huit jours. Depuis, la contestation, partie de la base, a été orchestrée par les différents syndicats, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) associée aux Jeunes Agriculteurs, bien évidemment, mais aussi la Coordination rurale et la Confédération paysanne, au point de s’étendre sur une large partie du territoire. Vendredi matin, les céréaliers franciliens de la FNSEA brandissaient la menace ultime du blocage de Paris. C’est peu dire que le discours de M. Attal était attendu.
Sans surprise, le premier ministre a évoqué des mesures concrètes d’urgence censées apaiser les esprits. L’augmentation progressive – sur six ans – de la taxe sur le gazole non routier (GNR), entrée en vigueur début 2024, qui faisait grincer des dents sur le terrain, est abandonnée. Gabriel Attal n’a pas manqué toutefois de souligner qu’elle avait été négociée avec la FNSEA, tout en mettant en exergue le fait que le dispositif de compensation mis en place ne rapportait rien à l’Etat et ne profitait pas aux plus petites exploitations.
Sur ce sujet, le chef du gouvernement a également annoncé que la remise se ferait désormais à la pompe, et non en fin d’année, et qu’en attendant que cela soit opérationnel, en juillet, une enveloppe de 215 millions d’euros serait débloquée pour verser une avance. Une manière de soulager la trésorerie de certaines fermes.
Dix mesures de simplification, applicables par décret
L’hôte de Matignon a également renforcé les aides d’urgence pour les éleveurs touchés par la maladie hémorragique épizootique (MHE) – à hauteur de 50 millions d’euros –, pour les agriculteurs bretons affectés par la tempête – avec un doublement de l’enveloppe – et a gratifié la filière bio en souffrance d’un soutien supplémentaire chiffré à 50 millions d’euros. Quant à la viticulture, elle devrait pour sa part bénéficier d’un nouveau plan d’aide – il sera dévoilé prochainement.
Face aux critiques récurrentes sur la complexité des procédures et « aux bâtons dans les roues » dont se sentent victimes certains agriculteurs, Gabriel Attal a décidé de présenter dix mesures de simplification, applicables par décret. De la réduction des délais de recours contre un projet agricole comme les bassines ou les bâtiments d’élevage, à la limitation des contrôles administratifs à un par an, en passant par la réduction à une seule réglementation pour les haies. Dans la foulée, il a lancé, pour un mois, un chantier de la simplification, avec des remontées attendues des départements et une présentation des résultats à l’occasion du Salon de l’agriculture, qui se tient à Paris du 24 février au 3 mars.
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