En déclarant qu’elle aspire à « une école attentive à la santé de l’enfant grâce à l’action quotidienne des médecins, des infirmiers scolaires, et demain à leur condition physique, avec nos professeurs d’éducation physique et sportive [EPS] », Amélie Oudéa-Castéra, nouvellement nommée ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, semble renforcer l’importance des missions confiées aux enseignants d’EPS.
Fait rarissime dans un discours d’investiture, elle mentionne spécifiquement une discipline scolaire et reconnaît qu’elle joue un rôle crucial dans l’éducation à la santé et dans la prévention des maladies non transmissibles. Selon l’Organisation mondiale de la santé (2020), un enfant ou un adolescent a un mode de vie physiquement actif à partir d’une heure par jour d’activité physique modérée et intense (trente minutes pour les adultes et les personnes âgées).
En France, des études récentes montrent que seulement 40 % des garçons et 16 % des filles de 15 à 17 ans atteignent ces recommandations (Verdot et al., 2022) et que la plupart des adolescents décrochent des activités sportives extrascolaires fédérales lors de l’adolescence. L’ensemble des communautés politique, scientifique et professionnelle s’accordent pourtant sur la nécessité d’éduquer à des modes de vie sains et physiquement actifs dès le plus jeune âge.
Au cours des dernières années, la santé par l’activité physique quotidienne ainsi que la réduction des temps d’écran et de la sédentarité sont donc devenues des piliers éducatifs du système scolaire, comme en témoigne la récente mesure des trente minutes d’activité physique quotidienne à l’école primaire.
Le risque d’un effet contre-productif
Axés sur l’évaluation et la promotion de la condition physique (endurance, force, vitesse, souplesse et coordination), les moyens envisagés pour atteindre cet objectif soulèvent pourtant des questions. Bien que la mesure de la condition physique des élèves à l’école soit pertinente pour des suivis épidémiologiques, elle ne doit pas devenir un objectif prioritaire de l’enseignement : en mettant exclusivement l’accent sur les performances, cette stratégie risque de réduire les professeurs d’EPS à de simples préparateurs physiques scolaires.
Les tests de condition physique fournissent une image instantanée de l’état de santé d’une population, ils mettent en évidence un problème (les jeunes ne sont pas assez actifs) mais ils n’identifient pas les raisons pour lesquelles les jeunes se désengagent, plus tard, des activités physiques et sportives. Les enseignants d’EPS connaissent l’inefficacité de cette stratégie qui s’attaque aux symptômes plutôt qu’aux causes.
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