Alors que la mobilisation des agriculteurs s’accentue partout en France, les taxis sont mobilisés en plusieurs endroits du territoire, lundi 29 janvier. Ils bloquent des axes routiers majeurs avec des opérations escargot menées à Paris, Marseille et Bordeaux.
Cette journée de mobilisation « reconductible » a été organisée à l’appel de quatre organisations nationales. Les manifestants réclament une renégociation des conditions de rémunération du transport de patients, alors que la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) a proposé une convention jugée défavorable par les syndicats, qui réclamaient un statu quo. Les taxis redoutent que les nouvelles conditions ne les forcent à des remises additionnelles sur leurs tarifs en cas de transport médical, tout en les contraignant au covoiturage de patients.
Plusieurs syndicats de taxis devaient être reçus à 15 heures au ministère de la santé. En Ile-de-France, alors que les syndicats agricoles ont annoncé leur volonté de faire le « siège » de la capitale à partir de 14 heures, une opération escargot des taxis a été lancée au petit matin sur l’A13 en direction de la porte d’Auteuil, à Paris, sur le boulevard périphérique. « Le cortège progresse à vitesse réduite et laisse libre une voie de circulation », a précisé Bison futé.
En Nouvelle-Aquitaine, quelque cinq cents taxis se sont mobilisés, selon les organisateurs et la préfecture, pour une opération escargot sur la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l’Espagne, déjà bloqué de mercredi à vendredi par plusieurs centaines d’agriculteurs en colère.
S’opposer au transport de patients mutualisé
« On ne lâchera rien, on va aller jusqu’au bout pour revenir sur de bonnes bases » avec la CNAM, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Eric Roulière-Laumonier, président du Syndicat des taxis de Bordeaux Métropole et de la Gironde. Le préfet a conseillé de « privilégier le télétravail et de limiter les déplacements » sur la rocade bordelaise ; entre 85 000 et 140 000 véhicules empruntent chaque jour cet axe régulièrement embouteillé aux heures de pointe.
Dans les Bouches-du-Rhône, des taxis ont mené deux opérations escargot lundi matin : un cortège en direction de la préfecture dans le centre de Marseille et un autre sur l’autoroute A8 près d’Aix-en-Provence, compliquant la circulation.
« La caisse d’assurance-maladie a décidé de nous imposer des tarifs sans négociation », a déclaré à l’AFP Céline Puech, qui travaille comme taxi à Marseille. « On veut un retour à la table de négociations, on ne peut accepter cette tarification. Les taxis ont beaucoup de charges, on fait des heures interminables. On est très en colère et notre mouvement est reconductible », a-t-elle déclaré par téléphone alors qu’elle se trouvait dans le cortège.
A Lyon, entre 250 et 300 taxis ont ralenti la circulation sur le périphérique. Alors que la mobilisation était prévue en amont de la crise des agriculteurs, Pascal Wilder, président de la fédération du Rhône des Taxis indépendants, a évoqué un « concours de circonstances, qui fait peut-être bien les choses ».
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D’autres manifestations ont été organisées à Brest, Quimper, Blois, Châteauroux, Orléans, Tours ou encore Toulouse, où l’antenne locale de l’Union nationale des taxis revendique « plus de quatre cents » manifestants, qui ont notamment bloqué les accès à l’aéroport de Blagnac. Une cinquantaine de chauffeurs étaient également présents lundi en fin de matinée aux abords de la gare de Toulouse, où certains ont mis le feu à des pneus et bloqué l’accès du dépose-minute.
Des manifestations de taxis avaient déjà eu lieu dans toute la France le 11 décembre pour protester contre la nouvelle loi de finance de la Sécurité sociale, qui mutualise les trajets des patients médicalisés. Les transports médicaux ont représenté des remboursements de près de 5,5 milliards d’euros en 2022, et 65 millions de trajets ont été réalisés sur l’année pour les seuls taxis et véhicules sanitaires légers, selon les auteurs du texte de loi.
Près de 15 % des trajets sont déjà partagés. L’idée défendue par la Sécurité sociale est de réduire la pollution et le coût des trajets, à hauteur de 100 millions d’euros par an entre 2025 et 2027.