La mobilisation des agriculteurs français s’est amplifiée mercredi avec une multiplication des blocages. Ils réclament des « réponses concrètes » du gouvernement, qui pourrait faire des annonces jeudi ou vendredi pour tenter d’éteindre la crise. Aux aides « immédiates » réclamées par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA) se sont ajoutées des demandes liées aux contraintes environnementales existantes.
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Le ton monte. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA) ont réclamé, mercredi 24 janvier, des aides « immédiates » pour les agriculteurs et un allègement des contraintes environnementales, dans une liste détaillée de demandes adressée au gouvernement, en pleine mobilisation de la profession dans toute la France.
Le premier syndicat agricole français et les JA exigent des « réponses immédiates sur la rémunération » dont une aide d’urgence aux « secteurs les plus en crise », et à plus long terme, la mise en œuvre d’un « chantier de réduction des normes », ont-ils indiqué dans un communiqué.
Alors que, selon des sources au sein de l’exécutif, le Premier ministre Gabriel Attal doit faire de premières annonces jeudi ou vendredi pour tenter de juguler la crise qui a pris encore davantage d’ampleur mercredi, la FNSEA et les JA ont listé 24 revendications dans leur document.
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Cela passera, selon les syndicats, par le fait d' »assurer un respect absolu des lois Egalim » de 2018 et 2021 sur le partage de la valeur entre acteurs de la chaîne alimentaire française, via « des contrôles renforcés sur tout le territoire ».
Tandis que la hausse prévue de la taxation du gazole non routier (GNR), carburant utilisé dans les tracteurs, a été l’un des facteurs déclencheurs de la colère du monde agricole, les syndicats veulent « garantir la compensation intégrale pour tous (…) via la mise en place immédiate du crédit d’impôt et l’intégration dans le prix payé du montant actuellement remboursé », selon le document.
« Aider immédiatement les secteurs les plus en crise »
Celui-ci exige aussi le « paiement de toutes les aides PAC [politique agricole commune européenne, NDLR] immédiatement quelles que soient les raisons du non-paiement », ainsi que « le paiement dans les plus brefs délais de l’ensemble des indemnisations sanitaires et climatiques (…) dues par l’État » et leur défiscalisation.
La liste mentionne aussi la nécessité d' »aider immédiatement les secteurs les plus en crise : viticulture et agriculture biologique », victimes des pressions inflationnistes.
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Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau avait demandé en avril 2023, juste après son arrivée à la tête du syndicat, une aide d’urgence de « 50 à 100 millions d’euros » pour aider les producteurs bio, plaidant pour « un plan massif ». Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau avait annoncé le mois suivant une « enveloppe de crise » de 60 millions d’euros accompagnée de mesures pour stimuler la demande.
Mais au-delà des demandes déjà connues, comme le « refus clair » des accords de libre-échange, notamment avec le Mercosur, la FNSEA et les JA ont franchi un palier mercredi dans leurs exigences, notamment en matière d’environnement.
Un « moratoire sur les interdictions » de pesticides
En effet, ils ne demandent plus seulement l’arrêt des « surtranspositions », soit des applications plus étendues que prévu de règlements européens, mais aussi de supprimer des mesures existantes.
Dans le viseur : les zones de non-traitement par des produits phytosanitaires (ZNT), soit les distances de sécurité à respecter à proximité d’habitations ou de cours d’eau, mais aussi l’arrêté « plan eau » de 2021 qui encadre les prélèvements d’eau pour l’agriculture face aux sécheresses.
Et toujours sur le volet environnemental, les syndicats exigent un « moratoire sur les interdictions » de pesticides et un « rejet d’Ecophyto », le plan gouvernemental qui vise à réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030, par rapport à 2015-2017.
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À plus long terme, les deux syndicats réclament l’ouverture de chantiers législatifs, en particulier pour « afficher la pause normative et le chantier de réduction des normes ».
Parmi leurs doléances figure aussi le fait de « désarmer les agents » de l’Office français de la biodiversité, pour réorienter cette « police de l’environnement » vers « la pédagogie plutôt que la répression ».
Avec AFP