Cinq ans de prison, le maximum possible : telle est la sentence infligée par une juge fédérale de Washington à Charles Littlejohn. Cet homme de 38 ans, ancien employé d’une entreprise de sous-traitance du fisc, l’Internal Revenue Service (IRS), a été condamné pour avoir livré, entre 2018 et 2020, au New York Times et à ProPublica, un site d’investigation indépendant, des informations fiscales confidentielles sur Donald Trump, de nombreuses personnalités politiques et des milliardaires comme Jeff Bezos et Elon Musk.
Selon la juge fédérale Ana Reyes, une démocrate nommée par Joe Biden, ce crime sape le système de gouvernement du pays et sa démocratie. « Lorsque vous ciblez le président en exercice des Etats-Unis, vous ciblez sa fonction. On ne peut pas ouvrir la chasse à nos élus », lui a-t-elle reproché. La magistrate a estimé que, face à ce crime extraordinaire, la peine devait « dissuader ceux qui pourraient se sentir obligés d’enfreindre la loi ».
« J’ai agi avec la conviction sincère, quoique erronée, de servir l’intérêt public. Mes actions ont miné la confiance fragile que nous accordons au gouvernement », s’est excusé Charles Littlejohn, reconnaissant avoir agi seul. Il avait plaidé coupable, en 2023, de diffusion de documents fiscaux, et collaboré avec les enquêteurs. Les élus républicains ont dénoncé un plaider-coupable trop indulgent, qui se contentait d’un seul chef d’accusation, la divulgation illégale d’informations fiscales.
Une « atrocité » commise « à des fins politiques »
Interrogé par le Wall Street Journal, le New York Times a qualifié M. Littlejohn de « lanceur d’alerte » et a exprimé son inquiétude quant aux poursuites qui le visent. Selon la porte-parole du quotidien, Danielle Rhoades Ha, les articles du journal avaient fourni « des informations qui ont longtemps été considérées comme essentielles à la connaissance que les électeurs devraient avoir sur le chef de [l’]exécutif et les candidats à cette haute fonction ».
Au cours de l’audience, en octobre 2023, l’avocate de Donald Trump, Alina Habba, avait demandé la peine maximale, dénonçant une « atrocité » commise à « des fins politiques et pour un gain personnel ». Selon elle, cette divulgation « a probablement coûté des milliers de votes à [son] client et était intentionnelle ».
Donald Trump avait rompu avec la tradition en ne révélant pas ses fiches d’imposition avant l’élection présidentielle de novembre 2016. M. Littlejohn ne travaillait pas pour l’IRS, mais pour la firme de conseil stratégique et informatique Booz Allen Hamilton, où il avait postulé en 2017 dans « l’espoir et l’attente » d’accéder aux informations fiscales de M. Trump et de les divulguer.
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