Avec un quatrième trimestre totalement atone, l’économie française a terminé l’année comme elle l’avait commencée : à l’arrêt. Sur l’ensemble de 2023, la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’établit à 0,9 %, après 2,5 % en 2022 et 6,4 % en 2021, selon les chiffres publiés, mardi 30 janvier, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Un chiffre proche de l’hypothèse de croissance du gouvernement, fixée à 1 %. Mais qui est entièrement porté par l’activité du deuxième trimestre, qui a atteint 0,7 % après une légère révision à la hausse. Sur les trois autres trimestres, la croissance est de 0 %.
Point positif : la crainte d’une récession, récurrente depuis des mois, en raison notamment de la très forte hausse des taux d’intérêt, ne s’est pas concrétisée. « Ce n’est pas une bonne année, mais l’économie a résisté, on ne s’en sort pas trop mal, notamment par rapport à l’Allemagne », commente Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Outre-Rhin, l’activité s’est contractée de 0,3 % en 2023 et les économistes n’attendent guère d’amélioration en 2024. « Heureusement qu’il y a eu l’aéronautique, dont les ventes ont porté la croissance française au deuxième trimestre, et que la production d’électricité a rebondi, observe, pour sa part, Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas. Après avoir obéré la croissance de 0,4 point en 2022, celle-ci lui a fait regagner 0,35 point en 2023. »
Il ne fallait pas compter, en effet, sur la consommation des ménages, principal moteur de l’économie puisqu’elle représente la moitié du PIB, pour faire tourner la machine en 2023. Minée par l’inflation et les pertes de pouvoir d’achat, elle a progressé d’un petit 0,7 % sur l’ensemble de l’année. Au quatrième trimestre, la consommation de biens était encore en baisse de 0,6 %, malgré un petit sursaut en décembre (+ 0,3 % ). Cette légère amélioration est liée aux dépenses d’énergie (+ 1,7 %) et de biens manufacturés (+ 0,6 %).
Mais les dépenses alimentaires continuent leur glissade. Dans les supermarchés, l’année se solde par une baisse de 4,7 % de la consommation, après – 3,6 %, en 2022. « C’est totalement inhabituel », souligne Nicolas Carnot, directeur des études et synthèses économiques à l’Insee. Mais, selon lui, la situation est en train d’évoluer. « Le freinage par les taux fait maintenant suite au choc d’inflation, décrypte-t-il. Les choses basculent un peu entre la consommation et l’investissement. »
Autrement dit, c’est plutôt les acquisitions immobilières ou les gros achats, sensibles au coût du crédit, qui vont souffrir en 2024, alors que les dépenses du quotidien pourraient repartir grâce à l’accalmie des prix. En effet, quelques signes timides d’embellie font jour : l’indicateur de confiance des ménages s’est un peu redressé, selon l’Insee. Les achats d’automobiles, sur le dernier trimestre, sont légèrement repartis. Les enquêtes d’opinion sur le commerce de détail s’améliorent. « Selon nous, la reprise viendra de la consommation. Le moral des ménages remonte, la désinflation est bien enclenchée : deux éléments qui confortent ce scénario. La grande question est de savoir quand cela aura lieu », confirme Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade, qui voit plutôt cette amélioration survenir au deuxième trimestre.
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